16 décembre 2008

Fight-Club Vellocet: Tribute to David Fincher (& Hommage aux jeunesses Grecques)!


« Chaos, « confusion » et histoires de « savon »… David Fincher facture en 1999 une mise en scène « hardcore», on ne peut plus d’actualité 9 ans après sa sortie, plongeant l’audimat dans l’univers morbide des caves décorées à la sauce extrême violence, façon Kubrick et ses Droogies réanimés 20 ans après dans le dédalle américain. Bienvenus dans le Fight Club clandestin de Tyler Durden, lequel s'engouffre illico dans le monde des middle-kicks en solde, et du capitalisme le plus «No Life» du genre. On va pas faire dans le Télérama pompeux et arrogant, mais quand même petite autopsie d’un chef d’œuvre incontournable, se révélant ni plus moins comme la réincarnation cinématographique inspirée de quelques unes des préoccupations philosophiques de Nietzsche, Zizek ou Engels…

Fight Club, de l’or en barre sur la dégénérescence urbaine et la suffisance du libéralisme, un arrière goût de « morgue ou gloire » pour les disciples du Projet Kaos, un film à voir et à revoir, comme un trésor des familles!

Prologue:
« A la fin du premier mois la télé ne me manquait plus!.. »

John, trentenaire torturé et solitaire, dirige sans reproches sa carrière d’expert au sein d‘une compagnie d‘assurance internationale. Blasé de son quotidien monotone, et ne se satisfaisant plus des cadavres publicitaires gisant dans la boite aux lettres, il décide de tromper son insomnie en intégrant des clubs d’entre-aide psychologique où il côtoie des individus atteints d’handicaps irrémédiables. Finalement sans succès…

Très vite il fait la rencontre de Tyler Durden, un vendeur de savon énigmatique à la philosophie bagarreuse et anarchiste. Ensemble, ils décident de créer un, puis plusieurs, clubs de combat clandestins dont les règles se diffusent partout dans le pays.
Appuyés par une bande d’adhérents conquis, les deux hommes organisent une large campagne de destruction des symboles de la finance…

Au moyen d’une fiction subtile, David Fincher réactualise à sa manière l’opinion largement relayée, par nombres de penseurs ou militants politiques, selon laquelle une vraie démocratie ne pourrait être régulée par l’Etat et les lois, mais que par l’intermédiaire des mœurs antagonistes et les désirs opposés des citoyens.

Dans le prologue du scénario, John, aidé du déterminisme à toute épreuve de son compagnon de rue, dresse un « portrait » de société et refuse d’en partager le principe moral contemporain selon lequel le plus grand danger réside dans les différentes formes d’intolérance et de violence…
David Fincher développe l’idée qu’une haute dose de rejet et de confrontation est nécessaire pour élaborer une critique pertinente de l’ordre des choses, notamment du point de vue économique. Une position toute retrouvée dans l’œuvre de Slavoj Zizek, philosophe contemporain Slovène et fan hors pair du travail de D. Fincher. Slavoj Zizek attaquant tout au long de son parcours la position académique moderne qui impose à l’homme de nuancer et de relativiser ses propres positions, tout en simulant de fausses qualités d’ouverture d’esprit. Ceci décourageant toute tentative de réaction humaine sur l’organisation du système.

Ainsi progresse John, dans un rejet croissant des principes de l’éthique occidentale. Principes qui, toujours selon Slavoj Zizek, ont évolués en occident comme un mécanisme politique perfide, appelé démocratie, visant à étouffer toute tentative de réaction identitaire et idéologique.

Fincher politise John en tant que personnage digne de la philosophie d’Engels voulant que « seules l’inquiétude et l’insatisfaction font réfléchir l’homme sur lui-même ». Enfin, dans une interview consacré à Rock n’ Folk quelques temps après la sortie du film, le réalisateur présentait son héros en tant que réincarnation du surhomme Nietzschéin, « démolissant ce qui a été construit, se libérant en affrontant, s’affirmant en repoussant ses limites, rejetant ce qui n’est pas voulu, conquis comme tel ».

Dans un programme de la chaîne Arte diffusé le 24 Avril 2006, S.Zizek est amené à présenter son œuvre en répondant au paradigme la liant à « l’esprit » du film Fight Club. Zizek localise le problème de la dynamique économique actuelle comme le point de départ à la psychologie de John et Tyler. Une culture affirmant quotidiennement, en dépit des innombrables signaux d’alertes, que quelque chose d’aussi imprévisible, appauvrissant et dangereux que l’économie, doit être érigée au rang de science incontestable en Occident…à mettre entre toutes les mains, à célébrer sur l’autel de toutes les valeurs, l’Economie doit tout imprégner, balayer les idéologies, la culture, la politique, et par elle seule l’homme n’a le choix de survivre.

Fincher réhabilite dans les scènes de propagande interne au Fight Club, un principe classique selon lequel là où les idéologies et les oppositions vivent, le capitalisme (et son support technique qu’est la démocratie ) ne peuvent se développer. Fight Club renvoie les spectateurs à l’idée que, derrière son image de système tout-puissant imposant la mélodie du bohneur, l’ultra-libéralisme est en réalité bien plus précaire qu’il n’y parait, pouvant être anéanti par le simple fait d’une coupure d’électricité générale, d’un crack boursier ou d’un choc pétrolier, ou encore par l’action des membres d’un club de combat clandestin comme c’est le cas dans cette fiction.

Ici John doit faire face à son double Tyler.. Le réalisateur, dans la lignée des Nietzsche & cie défend qu’à l’intérieur de chaque homme sommeil une contre-identité d’essence nihiliste, autoritaire, destructrice et anti-éthique. Corrompre une carrière pourtant brillante, défier les hiérarchies, détruire ce qui a été acquis (un appartement de grand standing équipé du mobilier le plus design), ramener la femme (par l’intermédiaire de Marla la petite écorchure) au rang d’objet sexuel, et s’affranchir du poids de l’appartenance au monde libéral, tel que le fait John afin de mieux répandre son idéal anarchiste…Slavoj Zizek n’hésite pas à interpréter ce schéma comme un maquillage cinématographique du fascisme Italien révolutionnaire, datant de l‘avant guerre: une sorte de « Proto- Fascisme ».

Le chef d’œuvre de David Fincher déshabille et viol notre système, débarrassé du superflu, dépassant les représentations standards du régime officiel, pour en dégager ce qu‘elles renferment de plus « mécanique » et humain. 10 ans depuis ont passés et, fait réel, dans la continuité du film les clubs de combat clandestins se sont multipliés. La violence de John et Tyler Durden peut être conçue comme une violence créatrice, libératrice (et même réparatrice), ouvrant de nouvelles « fenêtres», et soulevant de nouvelles questions, notre époque apparemment la plus tolérante de l’humanité voyant son histoire de la violence perdurer…

10 novembre 2008

Le Supporter Chimique (Part 2!)

Le premier trip de tous les trips. Au début rien. Et puis…une douce coulée te dégouline de la nuque au coccyx comme une nappe de chocolat sur une profiterole. C’est chaud, moelleux, et en même temps sec. Exitant. Comme si quelque chose glissait entre les omoplates. T’as beau savoir que tout ce qui « monte » va redescendre, en attendant chaque spasme envoie une rafale de frissons survoltés.

Au début des années 70, Alexander Shulgin facture la Data Base et l’ordonnance du désordre chimique en devenant le premier « designer-drugs » proclamé.
C’est quoi? Un inventeur de drogues de synthèse fabriquées dans un laboratoire plutôt bien planqué. On invente des centaines de nouveaux "smarties" à partir des seules amphétamines. Et l’ecstasy est une amphétamine trafiquée, plus exactement méthoxylée. Avant d’être synthétisée, elle a été dessinée. Et puis un jour quelque un y a goûté!

Phénomène remarquable: pendant longtemps l’ecstasy ne fût pas illégale en France pour la bonne raison qu’elle n’était pas recensée! Comment mettre au tableau B une vitamine dont la définition échappe à la loi? Aux USA en revanche, sitôt l’interdiction proclamée, les designers lancent sur le marché le MDMA, une molécule toute proche mais assez différenciée pour ne pas être recensée. De nouveau bannit des playground, les capitales américaines et européennes voient circuler une autre pilule de l’amour, le MMDA (surnommé Euphoria) On arrête pas l’homme chimique comme ça! Ca a le goût de l'ecstasy, ça a les effets de l'ecstasy, mais c'est plus une drogue illégale, seulement une amphétamine banale...

L’époque est alors à l’explosion du LSD. Et de tous ses dérivés, comme le DMT qui vous procure un trip surpuissant et furtif, le SPD qui vous embarque pour 3 jours…Les réactions d’enthousiasme collectif qui accompagnent la découverte du LSD valent celle de Freud goutant la cocaïne. Et les chimistes comparent Alexander Shulgin à un musicien de synthé. Le Jean-Michel Jarre de la conception sur-mesure de drogues chimiques.

Le MDMA synthétisé pendant les années 70, à savoir le 3.4 méthylènedioxyméthamphétamine, demande un savoir-faire méticuleux en termes de fabrication. Il arrive parfois que des chimistes par intérim se vautrent dans les dosages et fabriquent des produits proches, mais sans effets psychés et surtout plus agressifs comme le PMA, le TMA ou le DOB. Tout ce qui ressemble à du speed classique sera un "fake".

01 novembre 2008

Gabriele Sandri & Ultras Lazio: "La révolution commence dans les gradins"...


La Repubblica-Rassegna Stampa Italiana (Presse Notif)

Dans la nuit d'un derby qui, au nom de Gabriele Sandri, s'annonce comme celui de la "réconciliation publique entre 2 camps", au moins entre virages, c' est une découverte dont il s'agit. De cette haine qui couvait dans les travées du stade Olympique, quel qu'en soit le signe idéologique et l'adversité possible, laquelle puisse être le débouché de la colère, dans et hors du stade. Mais pas cette nuit. Pas demain. Plutôt dans un avenir pas trop lointain.

C'est un roman de vingt-neuf pages au titre ironique - "Ultras: au-delà du temps. Histoires de barricades et lacrymogènes" - qui, à l' aube du 23 février dernier, est trouvée dans un appartement de Ponte Lungo, quartier Tuscolano. L' homme qui est en sa possession, ce n'est pas exactement un gamin. Il s'appelle Roberto Sabuzi. Il a 41 ans et un travail. Il se fait appeler "Le capitaine". Ils lui mettent les menottes sur ordre du ministère public. Parce qu'il a participé aux faits du 11 novembre 2007, le dimanche de la vengeance, de la prise d'assaut aux casernes. La nuit dans laquelle le sang de "Gabbo" (jeune supporter laziale défunt des suites d'une bavure policière) appel à faire couler un autre sang.

Les enquêteurs, qui se passent entre les mains le feuillet, se frottent les yeux. Pas vraiment pour féliciter ce délirant squelette idéologique qu'il soutient. Mais par conséquent ce document, pour la première fois, suggère et théorise : une embrassade entre une forme de fascisme primordial, celui des origines, et les idées de la rébellion anarchique. L' urgence d'une nouvelle forme de "clandestinité" dans les virages, récupérant les origines de la "pensée ultras" en rendant invisible les nouveaux symboles dont cette pensée s'inspire ; la nécessité de rompre le "ghetto" du stade pour exporter dans les places "la révolte". Enfin, une nouvelle "adversité de la rébellion violente", comme décrit au début du document : "Nous dédions cet écrit à tous les patriotes, révolutionnaires et rebelles Italiens. En particulier : à Garibaldi, aux équipes d'action ; aux Arditi de la première guerre mondiale ; à Benito Mussolini ; (...) aux héros de Bir El-Gobi et El-Alamein ; à Carlo Giuliani, pour ne pas oublier ; à Edo, Sole et Baleno, comme à tous les anarchistes disparus dans les prisons d'état dont on n'a pas de nouvelles depuis des années, avec immense respect pour eux".

Le roman fait de brèves annotations. De Sabuzi, les enquêteurs sont convaincus de l'implication. Il en est vraisemblablement aussi un des rédacteurs. Sûrement, le roman a circulé et circule dans les virages.

"Nous tenons à préciser - on lit - que ce polycopié n'a absolument pas de but lucratif. Les petites offrandes serviront à soutenir les dépenses judiciaires des familles de nos amis (...) Tous les combats auquel nous avons participé ne peuvent êtres décrits. Quelques-uns de nous devraient commencer par raconter la fin des années 70 (...) " Aucune reddition à l'assaut du temps, par charité. De nouvelles envies de rébellion s'ouvrent à qui sait trouver la rue. Vous ne trouverez pas de noms, noms de famille, codes d'identification. Celui qui doit comprendre, comprendra.

Le groupe se présente ainsi: "Nous sommes ultras romains et nous voulons manifester notre privation, parfois dégoût, vis-à-vis d'un milieu qui ne nous appartient plus (...) Dans l'inexorabilité et dans la dureté d'une répression invoquée par les "trafiquants de l'opium du peuple" (le calcio), les ensemencés d'incultures sociales, de la mesquinerie des pseudo-ultras, devant le Dieu argent, liens jusqu'à hier indissolubles se dissolvant en provoquant des fractures incurables". La rue est un retour donc à la "pureté", sous le parapluie d'un nouveau sigle "Ultras Lazio".

"Ultras Lazio - on lit - est la rencontre d'anciens militants du virage Nord avec les jeunes ultras qui veulent effectivement expérimenter l'impulsion de la mentalité ultras au lieu de n'importe quel autre expérience existentielle, qui est considérée par ces jeunes, avec mépris, comme "bourgeoise".

Prend ainsi corps l'idée d'un mouvement anti-politique rebelle et irrégulier, le même qui a marqué l'histoire du "premier fascisme", celui que les historiens appelent "fascisme révolutionnaire". Pour quoi faire? "Le noyau le plus conscient des Ultras Lazio - continue le document - a une arrière-pensée théorique revendiquant la violence des ultras comme une réponse à la stérilité des politiques ainsi qu'aux mensonges du capitalisme.

Dans le délire de l'équipe fasciste, le roman indique la recherche d'union avec chaque forme de radicalisme - "nous réservons estime, sans aucun doute, à ces "camarades" dont nous partageons la mentalité radicale, barricadés, mis sur le banc de touche dans leur lutte des opprimés et des marginaux". "Pour les jeunes des équipes fascistes de 1919 et de 1920, le mouvement devient une rébellion aux coutumes, à la morale, aux hypocrisies et aux faiblesses de la bourgeoisie. Résonne le cri de bataille des jeunes comme un défi entier contre la soçiété, et reste le classique "Duce, Duce".

Dans la fiche dans lequel Sabuzi gardait le polycopié du "nouvel ultras", un second document de 23 pages, en langue anglaise, intitulé Bodyhammer : tactique et autodéfense pour protestataire moderne - traduit la théorie en pratique de la violence. Ça va de l'histoire des centurions romains et de la formation de la tortue, aux bagarres de Naples (17 mars 2001) entre No-Global et police. De cette expérience est conseillé de rappeler "l'utilité des grands boucliers de plexiglas". "Légers, faciles à produire, psychologiquement désarmants pour la police, qui ne pourra pas voir la première ligne de contact, en perdant ainsi le sens de l'adrénaline vis-à-vis de simples charges lancées".

27 septembre 2008

UK 1969: The Football Express


L’évolution des sports de ballon en général, et du football en particulier, à toujours été, chronologiquement parlant, étroitement liée à la violence. Il n’est pas illogique d’inscrire le football dans la continuité des jeux anciens où certains comportements des foules nécessitaient la prise en compte de mesures sociales particulières: maintient de l’ordre, interdiction de stade etc…Une des premières traces se trouve dans les écrits de Tacite relatant la rixe de Pompéi en 59 après J.C. Lors d’un spectacle de gladiateurs regroupés en 2 formations distinctes, des affrontements entre spectateurs des colonies de Pompéi et de Nucérie firent de nombreux blessés, au point que les Pompéins furent interdits de manifestations sportives et les associations dissoutes.

Curieusement, « l’esprit » du football, avec sa genèse vers la moitié du XIX ème siècle, est lui-même lié à la violence (selon les 2 explications britanniques les plus répandues). La première en attribue la paternité aux industriels des bassins miniers des Midlands qui, soucieux de voir leurs ouvriers distraits par des conditions de travail accablantes, cherchèrent à développer cette activité susceptible de canaliser leur attention, et de les défouler une fois le week-end venu. La seconde est à mettre au compte des recteurs de l’université d’Oxford qui voulurent imaginer une activité physique intense capable de canaliser les élèves les plus agités. Sur les stades des bagarres de plus en plus fréquentes accompagnaient les matchs anglais depuis la fin du XIX ème siècle. Mais la Grande-Bretagne des années 60 voit émerger une nouvelle forme de violence qui n’est plus en relation avec des résultats sportifs ou des évènements répondant au schéma " frustration-agression", mais à une violence organisée, et très souvent en groupe. Les violences qui se donnent à voir dans ou aux abords immédiats des stades semblent moins spontanées. Elles ne trouvent plus forcément leur origine dans le jeu, le résultat du match, ou dans l’arbitrage. Ces épisodes fréquents de rixes marquent le passage d’une violence propre à la culture des spectateurs de football, à une violence motivée par des réflexes culturels.

Selon A. Wahl, historien britannique du football, le hooliganisme est avant tout une conséquence de la modification économique au sein du sport roi. L’Angleterre de la fin des années 50’s et du début des 60's voit en effet 14% de sa population vivre en dessous du seuil de pauvreté, n‘arrivant plus à juguler chômage et inflation. Le football voit d’autres sports (plus abordables) se démocratiser, et les stades connaissent alors une baisse de fréquentation inquiétante. Sous l’impulsion de Margaret Thatcher, préconisant une sortie de crise au prix de la politique du « libéralisme strict », les responsables du football britannique entendent résoudre ce problème de désaffection en optant pour la spectacularisation du jeu, à travers la professionalisation des joueurs, l’apparition de campagnes publicitaires massives, une amélioration du confort des tribunes, mais aussi par une transformation des stades. La démocratisation du football, sa diffusion à toutes les couches de la population, et ces nouvelles places disponibles dans les stades entraînent l’apparition de publics différents, moins connaisseurs, socialement plus aisés... Ce nouveau football bouleverse les valeurs établies. D'un sport de classe il se transforme petit à petit en produit de consommation.

Selon Bourdieu (dans ses « Travaux de Bourdieu ») c’est encore dans la mutation du facteur économique que germera le hooliganisme. Logique: soucieux de préserver l’ambiance au sein de leurs enceintes, les responsables des clubs décident de consacrer une partie de leurs stades à un public populaire, issu de la classe ouvrière: les virages. Brombergé explique qu’en offrant des billets bon marché, les présidents encourageront un regroupement massif de jeunes qui s’approprieront leur virage, rendant autonomes ces parties de stade.

Ainsi les virages deviennent le territoire de jeunes lads se liant en fonction du club qu’ils soutiennent, de leur quartier de naissance, ou de leur « rought-culture » d’appartenance (rude-boys, skinheads…) Tous désireux d’avoir, eux aussi, accès à la vitrine professionnelle du sport qu’ils pratiquent en club ou entre potes depuis l’enfance. Enfin, tous désireux de former ensemble la « firm » (bande) représentant le club de leur cœur sur les gradins. Germe alors un mouvement de culture de la rivalité, où le virage devient un mode de construction identitaire, en opposition au parcage visiteur. Le hooliganisme est né…

Aux 4 coins de la Perfide, et à Londres à particulier, des regroupements de youngs prospérant dans leur chaos s’opèrent en direct. A cette époque, difficile toutefois de parler de « firm » au sens nominatif du terme, et dans l‘organisation aussi. Dans les clubs de première et deuxième division, les rassemblements (principalement de jeunes skinheads blancs) bourgeonnent en donnant naissance à un mode de vie sous forme de meute. Les skinheads & co deviennent artistes dans ce qui sera le jeu d‘un pays tout entier: aller au stade en bande pour prendre possession du virage adverse…

Dès 1968, le journaliste Lord Harrington met en évidence dans son rapport, que les hooligans arrêtés et interrogés sont tous d’authentiques supporters de leur équipe, jeunes et érudits, possédant une solide connaissance du football, des joueurs, et une majeure partie d’entre eux vient au stade en portant des insignes caractéristiques de leur clubs respectifs. Cette étude aurait alors pu trancher sur un fantasme qui perdure aujourd’hui: le hooliganisme est principalement le fait d’authentiques supporters de football, mêlant sport avec territoire. Pour E. Erhenberg, l’obsession à marginaliser le phénomène est claire. Il s’agit d’abord, pour le football, de garder une image de sport propre, mais également de s’affranchir de toute responsabilité morale, concernant le fait d’avoir suscité la venue d’un nouveau public et de l’avoir sciemment (ou non) laissé commettre des délits. Ensuite, de se dégager de toute responsabilité financière et morale pour les infractions commises, notamment vis-à-vis d’investisseurs ou des assureurs.

Dans le courant des années 70’s, de Swansea à Portsmouth, de Bristol à Manchester, en passant inévitablement par Liverpool où Londres, chaque club possède désormais une bande organisée, affairée à la défense de son territoire. Légende vivante des gradins anglais, et jadis meneur du « Mile-End» puis de l’ « ICF » de West-Ham, Cass Penant évoque une révolte des jeunesses de la classe ouvrière, entraînant des centaines d’ados (ayant à l’époque de 12 à 20 ans), dans un univers où chaque groupe cherche la reconnaissance en s‘opposant violemment, ou en envahissant les terrains, en affichant sa supériorité et en cherchant à conquérir le virage adverse. Le phénomène est d’autant plus accru à Londres du fait de la proximité géographique extrême entre chaque club. Les différentes bandes se livrent chaque week-end à un véritable championnat parallèle, dans des affrontements multiples, encore circonscrits dans les gradins ou dans leurs alentours directs.

Dans les 70's il est encore difficile de parler d’une véritable culture hooligan, tant du point de vue musical, que vestimentaire ou du langage . Celle-ci est plutôt la somme du mélange entre plusieurs autres mouvement de l'underground, mouvement skinhead en particulier. Mélange, dont le point de chute sportif donnera naissance au fil des années, à une culture hooligan à part entière.

Au pouvoir à la même période, M. Thatcher s’emploie à redresser coûte que coûte l’économie du pays, fût-ce au détriment des classes ouvrières et au prix de la fracture sociale qui s’installe. Les mesures économiques et sociales drastiques prisent à l’encontre de la working-class ont plaçé sous contrôle la prolifération du hooliganisme. La brutalité du projet Thatchérien, qui ambitionnait de l’effacer culturellement et socialement au moyen d‘une répression féroce, libéra en fait des facteurs puissants aboutissant à l’apparition début 80’s d’un hooliganisme "repensé"-plus discret et organisé, abandonnant les influences culturelles de mouvements trop voyants... au profit de l‘émergence, ou résurgence (si l‘on s‘en fit à ses premiers acteurs Victoriens ou Mods) d‘une culture en plein essor: le mouvement « casual ».

Ne restait plus qu’à contaminer l’Europe entière...
Depuis lors pas moins de 3 décades se sont écoulées. Et à défaut d'avoir pu concrètement enrailler le nombre d'incidents ou d'arrestations, les autorités Britanniques ont au moins su faire respecter leur stratégie médiatique, interdisant aux services médias de communiquer sur la fréquence des rixes entre bandes rivales. Tout porterait à croire que l'histoire marriant football et débordements n'est pas prête de s'arrêter...

21 septembre 2008

1939-1945: Deux Lyonnais contre le temps...



Lyon en 39-45, une ville qui (à l'image de ses traboules) savait tout mais ne voulait rien montrer. De l'aveu de tous les historiens qui se penchèrent sur la situation de la Capitale des Gaules à l'époque, on parle d'un contexte impossible à décrire, et de jeux d'alliances ou de trahisons complexes à déchiffrer, tellement les activités résistantes et collaboratrices y furent intenses. 2 camps ennemis plus tard, destins croisés entre 2 esprits lyonnais oubliés des récits historiques de notre région. 2 esprits qui consacrèrent l'essentiel de leur vie au service d'une guerre trop longue. Henry Frenay et Savitri Devi, 2 Lyonnais "contre l'autre camp" et "contre le temps"!



Savitri Devi (1905-1982):

Savitri Devi était une française, partisane de l'indépendance de l'Inde, admiratrice de l'Hindouisme et du Nazisme. Elle naquit en 1905 à Lyon, son nom original était Maximiani Portas. Selon elle, elle devint nazie après avoir visité la ville de Jérusalem dans les années 1920. Elle fut l'élève du logicien Edmond Goblot. En 1932, elle s'installe en Inde, et lutte contre l'influence de l'islam et du christianisme dans ce pays. Elle soutient, durant la Seconde Guerre mondiale, l'Axe Rome-Berlin et donna, selon elle, des informations aux Japonais.

En 1956, elle écrivit un livre qu'on pourrait qualifier comme étant son "chef-d’œuvre", La Foudre et le soleil, dans lequel elle décrit sa "philosophie d'histoire" où elle décrit trois types d'homme:

-L'homme en dedans le temps: il utilise les mœurs de son époque par profit personnel, comme Staline.
-L'homme au-dessus du temps: il vit sa vie en accord avec les mœurs d'un âge passé, en général un âge considéré comme étant un âge d'or, mais il n'a pas beaucoup d'influence envers son entourage contemporain. L'auteur cite Akhenaton.
-L'homme contre le temps: il utilise la violence afin de provoquer un changement dans la société, pour retourner à une société aux mœurs et valeurs anciennes. L'exemple cité est Benito Mussolini.

En marge, l'auteur consacrera une bonne partie de sa carrière à la défense de la cause animale.

De 1960 à 1962, elle est professeur auxiliaire à Lyon sous le nom de "Madame Portas". À partir de 1962 et dans les années 1970, elle retourne habiter en Inde et devint active dans les cercles néo-nazis. Quelques-uns de ses écrits ont été publiés en Amérique par le nazi William Pierce. Son livre " Akhénaton fils du Soleil " qui décrit le potentiel à réunir l'Asie et l'Occident n'a été publié qu'après sa mort par les éditions Rosicrucienne (1 septembre 1991).

Henry Frenay (1905-1988), Inventeur de la Résistance Française:

Henri Frenay est né le 19 novembre 1905 à Lyon. Il est issu d'une famille d'officiers, catholique et lyonnaise, et appartient à cette génération qui célèbre la France victorieuse de 1918 et voue une haine terrible à l'Allemagne. Henry Frenay fait ses études au lycée Ampère de Lyon, il est plutôt de tendance nationaliste et conservatrice. Scolarisé dans le 1er arrondissement, il partira successivement faire l'école militaire de Saint-Cyr, puis s'engagera sur le front de Syrie.

Il rencontre Berty Albrecht en 1934. Grâce à elle, il entre en contact avec des réfugiés allemands anti-nazis et en vient à s'intéresser au nazisme dont il découvre alors la doctrine à travers la lecture de Mein Kampf . Convaincu que la France finira par se relever de l'invasion Allemande, il se met en devoir de rassembler à Lyon, en août 1940, un début de réseau pour ce qui sera le premier mouvement historique de Résistance Intérieure, le Mouvement de Libération Nationale (MLN). Dans cette même période, il parvient rapidement à mettre sur pied un service de presse clandestine, qui imprime un journal alors intitulé "Les Petites Ailes", et qui sera rapidement renommé "Vérités".

Frenay est ensuite envoyé à l'État-Major du renseignement militaire à Vichy, unissant les mouvements naissants de chaque provinces, tout en prenant soin de respecter un cloisonnement très strict pour éviter tout "coup dur". De la suite de ces fusions successives, le MLN est renommé en MLF, Mouvement de Libération Française. Recherché par la Gestapo et par la police Française, il plonge rapidement dans la clandestinité et adopte différents noms d'emprunt comme Henri Francen, Morin, ou Charvet, nom sous lequel il était connu des services britanniques. En zone libre, son journal "Vérités", se transforme en "Combat" fin 1941, dont le sous-titre est "Organe du mouvement de la Résistance Française". A préciser que le réseau d'Henry Frenay est également appelé "Résistance non-communiste de la zone sud".

En juillet 1941, il rencontre à Caluire un ancien préfet, Jean Moulin. C'est Henri Frenay qui le formera et l'introduira à la clandestinité, faisant d'emblée confiance à cet inconnu qui l'impressionne. Il lui dévoile le fonctionnement de "Combat".
En janvier 1942, nouvelle rencontre avec Jean Moulin, de retour de Londres, chargé d'unifier la Résistance française et de la rallier à de Gaulle. Il le voit ensuite fréquemment jusqu'en 1943. Moulin apportera avec lui le financement de Londres, qui alimentera dès lors les mouvements de Résistance.

En 1944, il fait partie des délégués de différents mouvements nationaux de résistance qui se réunissent chez le pasteur Willem Visser à Genève pour rédiger puis adopter la Déclaration des résistances européennes. A la Libération, il est d'avis que la Résistance ne doit pas s'arrêter "au dernier coup de canon" mais devenir le moteur d'une reconstruction politique et sociale du pays.

Opposé à la présence française en Algérie, il appel finalement à voter contre De Gaulle.







06 septembre 2008

Avant-Pendant-Après: Gomorra, Napoli 1926, Curva A & Teppismo.


Naples, troisième ville Italienne où vivent près d’1 400 000 habitants aux abords du Vésuve. Naples et sa baie faisant la joie des touristes, Naples et ses quartiers reculés où il ne fait pas toujours bon trainer, ou encore Naples et la forte culture identitaire caractérisant bien ses habitants. Enfin, Naples et son club de football le SC Napoli fondé en 1926.

A Naples le mouvement ultrà s’implante discrètement au début des années 70’s avec l’arrivée des « Ultras » et « Commandos » . Les 2 groupes, inexpérimentés, peinent à rassembler les masses de « scunizzi » (gamins "pur terroir") arpentant les travées gigantesques du stade San Paolo. Ils décident finalement de fusionner entre eux en 1982 sous l’impulsion de Gennaro Montuori, aka Palummella, personnage unique, père fondateur du supporterisme Napolitain. Sous son impulsion voit le jour le Commando Ultrà Curva B. Très vite Palumella marque le groupe de son empreinte.

Le virage B devient un virage festif, coloré, non-violent. En outre le CUCB choisit d’intégrer la puissante « Associazione Napoli Club » , devenant lui-même par le fait un Club de supporters reconnu par la direction du Napoli, et travaillant en symbiose avec elle. Dans le jargon cette démarche est appelé une position filo-sociétaire. Mois après mois le Commando Ultra grandit pour finalement atteindre le chiffre impressionnant de 7000 membres cartés, il anime sa propre émission de télé, et crée un mensuel appelé « Ultr’Azzurro ». Vendu chaque mois à plus de 20 000 exemplaires le magazine s’impose comme l’organe officiel du supporterisme Napolitain. Jusqu’au début des années 90’s le CUCB de Palumella, avec ses drapeaux gigantesques, ses voiles géantes et ses milliers de fans s’amassant derrière la bâche du groupe, fait l’histoire du San Paolo, et ce sans contestation.

Au même moment émerge peu à peu dans l’autre virage, la Curva A, une autre catégorie d’ultras Napolitains. Plus agés, extrèment revendicatifs et bélliqueux, autonomes vis-à-vis de la direction du Club. Au fil des années ils donneront naissance à plusieurs groupes tels que Teste Matte 87, Masseria, Mastiffs, Vecchi Lions, Noi del Nord, Quartiere Spagnolo, Nucleo ('93), Old Clan 91, South Boys, Cobra, Wanted, Brigata Carolina et Skizzati.

Les groupes du Virage A imposent progressivement une identité nouvelle au style ultrà Napolitain, et voient leurs troupes de militants grossir à vue d’œil. « Cohérence et Exigence » sont choisies comme valeurs fondatrices des groupes. A l’extérieur du stade comme en déplacement les affrontement deviennent systématiques avec supporters adverses et forces de l’ordre. Les antagonismes et les divergences entre Curva A et B vont crescendo, d’ailleurs Palumella se voit contraint dans le courant des années 90’s d’évoluer entouré de son propre service de sécurité.

En 98’ Angelo Pompameo, secrétaire général du Commando Ultrà et bras droit du président est violemment agressé dans l’enceinte même du stade. Toujours dans les années 90’s les affrontements sont de plus en plus nombreux et de plus en plus violents avec les principales tifoserie rivales. A commencer par la Salernitana, distante de seulement 40 kms. Les matchs permettant aux fans de la Curva A de se mesurer à ceux de Vérone, Lazio et Roma, Atalanta et Brescia, Avellino, Bari, Fiorentina, Cagliari, Milan et Inter ou encore Reggina sont la plus part du temps dignes de scènes de micros-guérilla urbaines. A l’issu de la saison 99/00 qui voyait le SC Napoli rétrogradé en Série B après un an de parcours dans la division reine, pas moins de 17 déplacements fûrent émaillés d’incidents plus ou moins graves en marge des rencontres disputés par le club bleu azur.

Depuis une poignée d’année la rivalité explose avec les fans de la Salernitana, tifoseria de longue tradition et elle aussi dotée de nombreux effectifs, dans le cadre du derby Parténope qui n’avait plus lieu depuis de longs moments. En 2002, en réponse à un avant-match houleux où plusieurs supporters Salernitani seront conduis à l’hôpital suite à des agissements napolitains douteux, sans parler de tags offensant la mémoire de supporters Salernitani décédés en 99 sur la route de Piacenza, une délégation de Salerne s’invite par surprise et pénètre violemment dans le local d'un groupe Napolitain bien connu. Quelques semaines plus tard les leaders ultrà Montuori et Ciccarelli seront amenés à présenter leurs excuses.

En 2003 lors du derby voyant Naples se rendre à Avellino, ville de taille moyenne située dans l’arrière pays local, des échauffourées éclatent entre fans des 2 camps et Sergio P, jeune tifoso, fait une chute gravissime en tentant d’échapper à une violente charge policière. Inanimé, gisant à terre, les forces de l’ordre empêchent pourtant la moindre intervention des secours à destination du jeune homme agonisant. S’en suivront des épisodes d’une violence telle que les carabiniers seront contraints de sortir intégralement du stade afin de se protéger. Les images de ces évènements feront le tour de la planète.

En Sardaigne toujours en 2004, le « derby » contre Cagliari se joue sur terrain neutre dans l’arrière pays Sarde. Non contents d’avoir à effectuer la traversée d’une mer et d’une île toute entière, les fans Parténopes trouvent en supplément le moyen de saccager plusieurs petits villages de Sardaigne sur leur passage, et d’arriver à destination avant leurs rivaux de Cagliari. Ces derniers devront répondre à des charges d’individus... cachés derrières des bosquets à proximité du stade…

Mais c’est avec les clubs de Rome que la rivalité est la plus vivace. Une rivalité de longue date faite de coups tordus, d’affaires particulières et de moqueries incessantes, rendant suffocante l’atmosphère de la moindre rencontre entre la cité Parténope et la capitale. Lors de la plus part de ces oppositions, les alentours de l’Olimpico prennent des allures de « fin du monde » selon les récits des 2 bords.

En Curva B, à quelques mètres du Commando Ultrà, le groupe « Fedayn » s’affirme comme la première force ultra à Naples, rassemblant notamment quelques unes des têtes les plus réputés de la scène du San Paolo. Le discours du groupe est clairement différent de celui du CUCB, pour ne pas dire à des années lumières. Hautement respectés en Italie, fidèles aux anciennes dogmes du monde ultrà et allergiques aux phénomènes de mode, les Fedayn sont à l’origine d’une philosophie ultrà locale baptisée « EAM », autrement dit « Étrangers à la Masse ». En de nombreuses reprises les groupes du Virage A demanderont aux Fedayn, notamment par banderoles interposées, de venir les rejoindre dans l’autre virage.

Ces même Fedayn sont à l’origine du déclanchement d’un mouvement de contestation tranchant à l’encontre de Ferlaino l'ancien président du club, accusé depuis décembre 98 de faible attachement au maillot et de gestion frauduleuse du SC Napoli. S’en suivront plus de 5 années de pied de guerre contre la direction avec le boycott’ des campagnes d’abonnement, la non-exposition des bâches des groupes et l’arrêt total des chants pendant les rencontres, ou encore des manifestations sans précédents dans les rues de Naples. Pour la peine, le Commando Ultrà pourtant fidèle aux décisions sociétaires s’unira également aux cotés des autres groupes.

Au niveau chorégraphique, l’ensemble Parténope ne semble jamais avoir fait du domaine en question une priorité. Le CUCB était dans les années 90 dépositaire d’un certain nombre de belles prestations réalisées principalement à base de voiles géantes, de pots de fumée multicolores ou de feuilles. La Curva A quand à elle exprime fréquemment sa passion assez exclusive pour les « torciata » (rangées de torches). Outre la grande pèriode de gèle du "sostegno" Napolitain sous l'ère Ferlaino, le stade San Paolo est en revanche une vraie « bombonnera » pour qui s’y rend en visiteur, et les déplacements du SC Napoli sont systématiquement synonymes de marées humaines remarquables envahissant les villes adverses.


Jusqu’à la saison 2004/2005 prenaient place dans la partie supérieure du Virage A les « Vecchi Lions », forts d’environ 250 unités, très présents en déplacement. A leur flanc au centre se positionnaient les Teste Matte 87, représentant la frange la plus extrême du supporterisme Napolitain, avec un noyau de 300 unités d’environ 25 ans de moyenne d’age. Les membres des Teste Matte proviennent essentiellement du « Quartier Espagnol » de Naples. Pour intégrer ce noyau un jeune doit "semble t'il" vaillamment prendre part à 6 mois d’affrontements dans la rue, avant que les plus agés statuent de son acceptation. Oui nous sommes concrètement à des années lumières des travées françaises! Le groupe arbore divers slogans sans équivoque possible comme « Nient’ Incontri Solo Scontri » (« Pas de rencontres amicales, juste des affrontements»), ou « Prima Durante Dopo » (Avant Pendant Après). Les Mastiffs, né en 91 et forts de 800 unités, incarnent la relève du mouvement Napolitain en A avec des éléments plus jeunes encadrés par des leaders historiques. Les Mastiffs sont très présents dans les affrontements et toujours à la recherche du prochain « foutage de merde ». A leur gauche enfin prenaient place les « Masseria », un groupe d’action d’environ 80 unités, plus agés.

A noter que tous ces groupes ne produisaient pas, ou infiniment peu, de matériel. A noter également que dans un souci d’esthétisme ils avaient convenus depuis le début des années 2000 de peindre chaque bâche et chaque étendart avec une police d’écriture similaire.
Depuis 5 ans un vaste projet unitaire à permis à l’ensemble des groupes de la Curva A, dans un but d’efficacité et d’homogénéité, de se regrouper derrière une seule et même appellation, le « Napoli 1926 ». Projet auquel seuls les Teste Matte n’ont pas voulus prendre part, ces derniers se trouvent dorénavant en tribune latérale.

Les groupes Napolitains sont apolitiques, fonctionnent en vase clos et sont très durs à approcher. Aucun courant politique majeur n’est exprimé, même si les groupes de la Curva B pencheraient à gauche, et ceux de la A à droite. Un jumelage les lia dans les années 70’s aux ultras de l’AS Roma, dans les années 80’s à ceux de l’Empoli, enfin depuis lors naquit un jumelage solide avec les ultras du Genoa.

Les groupes Italiens parlent d’une tifoseria hautement passionée et dangereuse, très performante vocalement, originale et doté d’un potentiel énorme au sein de ses travées. Après des années de contestation dure et de soucis judiciaires accrus, les groupes Napolitains ont clairement repris force et vigueur. En atteste les évènements du dernier Roma/Napoli.





I.L Nov Langue: Effectuer un travail de recherche, de compréhension et d'analyse sur le système Parténope n'est pas chose facile. Comme beaucoup le savent certaines tifoserie demeurrent assez perméables, d'autres non...et celle-ci en fait parti. Si toutefois certains ajouts, précisions ou rectifications devaient êtres pris en compte, merci aux personnes éclairées de nous transmettre ceci par mail.

29 août 2008

Violently happy, l'Horloge Mécanique:


La provocation restait tout de même sa grande motivation. En arrivant aux abords de l'ancienne horloge, chacun en respirait le corps, l'esprit et l'âme. C’est ça: son corps, son esprit et son âme. Surplombant les travées, elle donne l’exemple. On est pas Bretons, mais ce plan là, c’était comme un phare…
Tribune à la fois perverse et joueuse. Tantôt dure, tantôt festive, alternances de masses noires compactes, et de bannières rouges et bleues cousues « à l’arrache». L’idée (principale) était que dans ce bastion d'orgueil bleu blanc rouge, tout était anarchie…Et l’horloge, intouchable, servait à bien d’autres plaisirs!

Qui manipulait les lads de l’ancien virage? Qui susurrait « Ne faites jamais confiance à un type de plus de 25/30ans?" Qui se marrait bien autour du thème « Vous auriez pu choisir la techno ou la vie de couple, mais vous cognerez autour de l’Olympique Lyonnais…»
Tous les occupants ayant arpenté au moins une fois le site vous répondront: « L’Horloge! »

En arrivant à ses pieds, les classes sociales, la provenance, les différences d’âge, n‘existent plus. On avait 10, 12 ou 18ans quand elle nous a pris par les bollocks, et depuis, ça s’est jamais vraiment arrêté..
Dans les cours des lycées, en attendant samedi, on se nettoie la tête en filant rencard autour d’elle… pendant que les plus vieux eux, profitaient de sa bienveillance pour accoucher du prochain plan (qui risquait bien encore une fois de rabaisser le football au rang de prétexte!) On est Lyon, dans la course poursuite comme dans le footing en marche arrière. Nous sommes les Lyonnais, et l’horloge riait avec nous! Sa destruction, c’est plus que l’agonie d’une époque, c’est l’arrêt cardiaque d’un symbole. L’immense panneau protégeait ceux que la presse haïssait!


Positive thinking au Kontentieux Service, Old School et Chicago Bulls.

18 août 2008

The Scotland-Road Firm: A Mods history! (Part 2)


La culture Mods contamine essentiellement la capitale et le sud-est de l’Angleterre…Elle trouve également un écho énorme du côté de Liverpool, plus précisément sur les trottoirs de Scotland Road, axe routier mythique démarrant dans le centre-ville, et continuant jusqu’au nord…De 1880 à 1915, un flot continu d’immigrants Italiens débarque sur les bords de la Mersey. Aux côtés des premières vagues d’immigrants Irlandais, ils forment une véritable communauté, avec ses commerces (The Santangeli, Gianelli, Podesta, Chiappe and Fusco), ses stars locales (le boxeur Dom Valente), son quartier (Scotland Road Little Italy), et sa pauvreté…Aux alentours de 1950, on estime à plus de 350000 le nombre de ressortissants (d’origine Italienne et Irlandaise) habitant sous les toits de Liverpool, la cité est funestement rebaptisé « Poverty Land » ou « Poverty Road » (au sujet de Scotland Road). Une banqueroute sociale contre laquelle les scousers se battent, et (phénomène propre à Liverpool) de laquelle ils sont fiers!

Partenaire Number 1 du prolétaire échoué, le pub devient plus que jamais LE repère, dont la popularité est sans commune mesure sur les trottoirs de la Mersey. En 1960, 111 établissements sont recensés sur le seul axe de Scotland Road, transformant la rue en QG de l’excitation, de l’alcoolisme, des bandes, des rixes, des drogues…la culture Mods se répand comme une traînée de poudre... au milieu d’un territoire déjà investit par les gangs de Teddy-Boys!

A partir de 1963, il n’est plus question de fusion (ou de déclinaison), les Mods forment leur propre gang. Un mouvement solidaire et entier, avec son identité musicale, vestimentaire, ses racines, un caractère et une structure qui traverseront les décades contre vents et marées. Produits de la working-class anglaise, référencés «snob et arrogants », séduisant la jeunesse des middle class…
Comme tous les mouvements du moment, les Mods partagent un intérêt commun et distinct pour la musique. Les Beatles, pourtant originaires de Liverpool, et dont la popularité submerge le Royaume-Uni, n'intéressent pas les Mods. Le rock défendu par ces 4 lads est déjà considéré comme "mainstream" (commercial). Au début des années 60, la première vague de Mods recherche un son différent. Attirés par l'élégance des jazz musicians, ils commencent par adopter le modern-jazz. Mais sur l'impulsion du mouvement, la demande anglaise en imports US augmentera de façon croissante. Haïssant le son commercial (accessible aux oreilles de la masse), les Mods rejettent finalement l'American Jazz, lui préférant la Soul, puis le Jamaican Bluebeat, le Ska, et enfin les groupes de rock britanniques influençés par le Rythm & Blues, comme The Rolling Stones, The Yardbirds, The Pretty Things, The Kinks, The Cyril Davis All-Stars, The Downliners, and The Small Faces.

En marge de ces derniers, le groupe le plus populaire fût sans aucun doute The High Numbers, plus tard rebaptisés The Who. Outre leur passion pour le style et la culture Mods, souvent les Who parachevaient leurs performances de gigantesques hymnes à la gloire du mouvement Modernist.

Progressivement, les Mods investissent leurs propres clubs, comme le Crawdaddy Club dans Richmond, le Flamingo, The Blind Beggar et The Marquee dans Soho, The Discotheque ou The Scene dans West-Ham-et bénéficient de leur propre TV-Show, avec l'émission "Ready, Steady, Go!" Des groupes comme The Who et The Small Faces contribueront à donner au mouvement sa dimension internationale (France, Belgique, Italie etc).

Bien avant qu'il ne soit question d'affrontements entre Mods et Rockers, la "Real-Life" dans le Londres des 60's oppose les gangs de Mods entre eux. Pour des questions de territoire, de compétitions vestimentaires, pour la circulation de la drogue, pour avoir la faveur des groupes de rocks, celle des filles...ou tout simplement pour l'adrénaline, et rien d'autre-The Archway Mob dans le West-End, The Highbury dans le nord, The Mars Gangs etc, tous avancaient au minimum le chiffre de 80 éléments. Selon John Waters, ancien membre du Archway Mob, "dans les années 60 déjà, les alliances entre gangs n'étaient pas rares quand ils s'agissait d'aller chopper une firm plus grosse. Et une fois le samedi soir venu, mieux valait éviter d'être vu sur son scooter quand on changeait de quartier"...

Part 3, The Clothes, coming soon...

11 août 2008

Edvige is watching you: Kill Edvige...


« Celui qui contrôle le passé contrôle le futur, celui qui contrôle le futur contrôle le présent, celui qui contrôle le présent contrôle les gens » écrivait George Orwell dans le prophétique "1984". Celui qui contrôle les gens contrôle Internet, répond aujourd’hui Big Brother, avec la mise en place des fichiers Edvige.

Sans aucun débat public, ce fichier commun aux Renseignements Généraux et à la DST vient d’être « légalisé » par décret. « Légalisé » est un grand terme puisque le recensement de la plupart des informations nominatives qui figureront dans ce fichier est formellement interdite par la loi Informatique et Libertés, sauf... si « la sûreté de l’État » est en jeu. Il inclura des renseignements identitaires non seulement sur les « suspects » susceptibles de « troubler l’ordre public », mais aussi toutes les notes propres au travail de renseignement comme les opinions politiques, les appartenances syndicales et associatives etc. Les personnes mineures ne seront pas épargnées non plus puisque Edvige ciblera également les jeunes à partir de 13 ans.

Avec l‘apparition de la dernière production totalitaire du nain de l‘Élysée, la question serait d’obtenir de plus larges informations sur ce que l’État considère comme faisant parti de "son" domaine de sûreté . Dans quelle mesure (par exemple) des textes relatant les faits inhérents aux aléas d’un match de football justifient que leurs auteurs soient mis sous tutelle du poulailler aux archives(?)!!

Sur les forums généralistes, les premières ordonnances [des RG] réclamant aux modérateurs les coordonnés d’intervenants attirant leur attention sont d’ores et déjà tombées…Sur les forums maquillés, l’invisibilité est plus que jamais la règle. Edvige n’est rien et ne vaut rien, à condition de jouer avec elle. Un cyber flicage qui, en tous cas, devrait rapidement faire les affaires des cyber-cafés…
Edvige n’est pas une patrouille de police, c’est la Police de la Pensée.

01 août 2008

The Clock is Ticking: A Mods history!

The Roots (Génèse):

Retour dans les années 50's. L'Albion, encore dévasté par les dégâts collatéraux de la Deuxième Guerre, végète entre rationnements et reconstruction. Malgré ça, la jeunesse anglaise entend vivre les choses différemment...

Grâce au plein emploi progressivement assuré par le National Service, une jeunesse anglaise désinvolte, assoiffée de liberté, les poches remplies de l'argent du travail au noir, prend possession des rues et tient à le faire savoir. On les appels les "Teddy-Boys" (Teds), le premier grand mouvement de "youth culture" émerge dans le pays tout entier. Influencés par un film culte ("Rock around the clock"), adorateurs de Rock n'roll américain, et impliqués dans les premiers phénomènes de bagarres entre bandes de jeunes, le mouvement Ted débarque, écorchant au passage les guibolles de l'establishment anglais...

La presse du Royaume se fait rapidement l'écho d'un mouvement violent, sale et imprévisible...pointant du doigt une jeunesse oeuvrant pour occuper le premier plan...Les Teddy-Boys vivent pour leur musique et leur mode, offrant aux retailers l'opportunité de s'engouffrer sur un marché musical et vestimentaire imprévu. Tous les kids partent à la recherche de "Leur" quiff et flick-knife!

En l'espace de quelques mois, le mouvement prend une ampleur telle qu'il s'égare rapidement en disgressions de circonstance... A la fin des années 50's, "l'original wild-cat", tel que la presse le décrivait auparavant, n'existe presque plus. Émergent alors 2 groupes majeurs:

-D'une part les "Ton-Up Boys", reprenant le modèle du macho anglais, passionnés de motos et de rock américain, vêtus de blousons de cuir, big boots, se rencardant à grands coups de "motorcycle meetings" sur les parkings des "Road Side Cafés". Ils représentent la frange restée fidèle aux racines du mouvement.
-D'autre part, les "Coffee Bar Cats", aspirant à un look plus raffiné, "Néo-Italien", accros de modern-jazz, de soul, et de rock anglais, adoptant les scooters de marques italiennes comme mode de transport principal...


Il n'est pas difficile de comprendre qu'à la fin des années 50's, musique et mode jouent déjà un rôle majeur dans le circuit underground. Les "Coffee Bar Cats" décrètent qu'ils incarnent avant-gardisme et modernité, face à un mouvement Ted qu'ils jugent ringard et poussiéreux. Les Mods (Modernists) sont officiellement nés.
En opposition, les Ton-Up resserrent étroitement leur passion autour du rock américain et des motos, ralliant les faveurs de plusieurs mouvements annexes. Ils forment le camp des Rockers!
Sans surprise, les 2 mouvements sont en désaccord total. Les Mods haïssent les Rockers et les Rockers haïssent les Mods. Les dés sont lançés, l'affrontement peut commencer...


Next Part, Coming soon.

23 juillet 2008

ONE LOVE


Jadis décrit comme "anarchique", "consacré aux défoulement des masses", le football serpillière règne: produit de consommation pour bobos puants, emploi à durée déterminée pour joueurs affligeants dans leur façon d'être, de penser, de parler, de vivre, de jouer, de s'habiller, prostitué de luxe des chaînes de télévision, et maintenant sponsor technique pour golden-boys de supermarché...

Cette année encore le football français a confirmé que ses adulateurs recensés dans les catégories non-homologuées [...] resteront la dernière entité nationale envers laquelle le non-repect de droits de l'homme élémentaires ne pourra prétendre au moindre soutient, et ce qu'il soit médiatique, juridique...humain...Peu importe répondront certains, le rejet du football libéral et du supporterisme "bobo" n'en ressort que plus tenace...

Dans une culture qui est notre, il n'a jamais été question de concevoir l'Olympique Lyonnais en tant qu'entreprise, pas plus qu'il n'est acceptable de tolérer le football en tant que business. Toutefois la question du football moderne n'est pas assez simple pour tenir la comparaison aux propos scandés dans les stades où se rend mois après mois l'Olympique. Le système a englouti l'europe entière...

Innombrables sont (et resteront) les heures passées à vivre dans la grâce quand le destin d'une vie vous a rempli les veines de sang rouge et bleu, mais gigantesque restera la souffrance de mesurer à quel point quelque chose s'est brisé de la façon la plus propre et la plus nette possible dès lors que NOTRE Olympique à conquis, 7 années en arrière, son droit le plus simple: Gagner.

Plongeant l'OL dans une lente entreprise de destruction d'un patrimoine culturelle et identitaire qui a bercé notre vie, qui a bercé la vie d'une cité où la rage des fans naissait là où "le chevron rouge et bleu" devenait persona non-grata sur son propre sol. Alimentant un sentiment d'amour tenace qui reliait des couches entières de fans entre elles, avec ce club discrètement lové dans la défaite ou l'indifférence...Et fallait se démerder avec!

L'Olympique Lyonnais se partageait égoïstement, à l'écart des masses et des flash, attribuant aux quelques vagues de pensionnaires du Stade de gerland la douce fierté d'êtres seuls et uniques maîtres à bord...Rien d'autre sinon l'extase du samedi soir n'aurait pu conduire des centaines de gones, en provenance de la région toute entière, à se rencontrer, se lier, et à charger derrière la même bannière.

Il est aujourd'hui question d'abandonner à jamais une antre qui est le berceau de la plus grande histoire d'Identité Lyonnaise, pour un stade sans nom dans une commune hors de Lyon... La direction se réserve également le choix du nom des groupes organisés, et l'adoption de maillots aux couleurs rivales de celles de notre blason est passée comme une lettre à la poste (précipitant des hordes d'abrutis dans les bouclars d'un club en plein coma...) On arrête pas la loi du marché! Pendant ce temps là Gerland continue de chanter "Qui ne saute pas..."

Aux futures générations de lads Lyonnais incombera le devoir de continuer à militer pour un territoire, un patrimoine, depuis plus de 2 décennies revendiqués par des dizaines d'âmes perdues, perdues mais toujours déterminées à tenter d'écarter quiconque tentant d'approcher de la seule chose que ce monde nous ait donné à posséder: l'Olympique Lyonnais!
A NOS MORTS, JAMAIS VOUS SANS NOUS!

Aimer: "Embrasser à n'importe quel prix."

20 juillet 2008

Juke-Box



  1. Morrissey: Spring-heeled Jim
  2. The Charlatans: Blackened Blue Eyes
  3. Blondie: Atomic
  4. Maximo Park: Apply some pressure
  5. Iggy Pop: Lust for life
  6. Inspiral Carpets: She comes in the fall
  7. The Coral: Arabian Sand
  8. The Cure: Killing an arab
  9. Baby Chaos: Breathe
  10. Babes In Toyland: He's My Thing
  11. Buzzcocks: Orgasm Addict
  12. Joy Division: Warsaw
  13. Simple Minds: Don't you
  14. Stereolab: Metronomic Underground
  15. The Enemy: We'll live and die in these towns
  16. Fat Truckers: Fix it
  17. The Smiths: The queen is dead
  18. Sonic Youth: Teenage riot
  19. Magneta Lane: Mare of the night
  20. The Organ: Brother
  21. Dandy Warhols: Not if you were the last junkie on earth
  22. Clearlake: Almost the same
  23. The Chelsea Smiles: Nowhere ride
  24. My Bloody Valentine: Lose my breath
  25. Errors: Salut! France
  26. The Kills: Last day of a magic
  27. Metric: Dead disco
  28. The Who: My Generation
  29. The Rolling Stones: Paint it black
  30. A Certain Ratio: Do the du
  31. The Raptures: House of jealous lovers
  32. The Wedding Present: I'm from further north than you
  33. Sham69: If the kids are united
  34. The Specials: Message to you rudy
  35. The Film: Kids
  36. The Pastels: Yoga
  37. Tom Vek: I ain't saying my goodbyes
  38. The Pixies: Gouge away
  39. The Jesus and Mary Chain: Snakedriver
  40. Young Marble Giant: Brand new life
  41. The Stranglers: Always the sun
  42. Christian Death: Romeo's distress
  43. Captain Beefheart: Orange claw hammer
  44. Aberdeen City: God is gonna get sick of me
  45. Kraftwerk: We are the robots
  46. Depeche Mode: Behind the wheel
  47. Primal Scream: Autobahn 66
  48. Fat Boy Slim: Right here right now
  49. The Futureheads: Meantime
  50. FC Kahuna: Hayling
  51. Madness: One step behind
  52. Electrelane: Tram 21
  53. New Order: Primitive notion
  54. Zoot Woman: Living in a magazine
  55. Magnolias: Pardon Me
  56. The Rock of Travolta: Oxygen assisted
  57. Interpol: Slow hands
  58. Liege and Lief: Come ale ye
  59. Elastica: 2:1
  60. David Bowie: Ashes to ashes
  61. Art Brut: My little brother
  62. The Velvet Underground: Waiting for my man
  63. The Libertines: What a waster
  64. The Kinks: Wild thing
  65. The B-52's: Love shack
  66. Suede: Electrecity
  67. Prodigy: Smack my bitch up (banned from mtv trailer)
  68. She Wants Revenge: Red flags and long nights
  69. The Exploited: Chaos is my life
  70. Pulp: Common People
  71. Mendetz: Passion not fashion
  72. Mogwai: Glasgow mega snake
  73. The Infadels: Love like Semtex
  74. Kasabian: Shoot the runner
  75. The Stooges: I wanna be your dog
  76. The Happy Mondays: WFL (Think about the futur mix)
  77. The Chameleons UK: Tears
  78. Underworld: Rez
  79. 10000 Things: Lover Boy
  80. Half Man Half Biscuit: Trumpton Riots
  81. The Undertones: Crisis of mine
  82. The Jam: Happy together
  83. The Farm: Groovy train
  84. The Selecter: On my radio
  85. The English Beat: Mirror in the bath room
  86. Film School: Dear me
  87. The Streets: Turn the page
  88. The Gossip: Listen up
  89. Oasis: Champagne supernova
  90. Those dancing Days: Run Run
  91. Bloc Party: Helicopter
  92. Kaiser Chiefs: Every day i love you less and less
  93. The Animals: House of the rising sun
  94. Blur: Song 2
  95. Arab Strap: The first big weekend
  96. The Bellrays: Have a little faith in me
  97. The Stone Roses: Fools gold
  98. The Clash: Spanish bombs
  99. Magazine: Shot my both sides
  100. Client: Rock n'roll machine

19 juillet 2008

Vivre en travaillant, mourrir en combattant (Canuts Artfacts)



Chant des Canuts, 21 et 22 Novembre 1831, lorsqu'ils étaient maîtres de la ville:

"Pour braver l'oppression,
Courant sans crainte à la victoire,
se battant sans manger ni boire,
Voila l'artisan de Lyon.
Voila, voila l'ouvrier de Lyon!

Soie ondoyante,
Laine ravie aux doux agneaux,
Qui devenez par nos travaux,
Vêtements, parure attrayante,
Mais souvent nous et nos fils,
Nous n'avons pas d'habits!

Age mûr,vieillesse, enfance,
Tout le monde combattait,
Le moment de la vengeance
Pour les artisans sonnait
Et chacun les admirait.
Puis l'ordre et l'indépendance
Régna dans notre cité.
Qui sut vaincre aux 2 jours aime la liberté.

Des "Trois Glorieuses Prolétariennes" de Novembre 1831 à "la sanglante semaine d'avril" 1834, les deux insurrections des Canuts de Lyon sont restés dans l'histoire comme les premières luttes ouvrières.

"1848 n'inventa rien, écrivit l'historien Daniel Halévy. 1830, au contraire-et les trois années qui suivirent à Lyon-marque la vrai crise, l'initiative des mouvements. A Paris on débat de l'invention des idées dans les cénacles et les clubs, à Lyon les ouvriers incendient les ateliers et enfoncent les barricades. Tableau de formation du prolétariat lyonnais:

Novembre 1831 fut l'insurrection des ouvriers lyonnais contre ceux pour le compte desquels ils avaient fait la révolution: la bourgeoisie moyenne, industrielle et commerçante, à qui Charles X venait de retirer le droit de vote.

Ce fut la première grande bataille ouvrière. "Elle constitue une expérience déterminante non seulement en France, mais dans le monde entier" selon l'historien Eugène Tarlé. Le souvenir du recul des autorités devant les occupants de l'Hôtel de Ville restera pour les ouvriers le souvenir d'une victoire définitive, qui change les lois de l'atelier.

Moins de deux ans et demi après Novembre, en Avril 1834, éclate une seconde insurrection, nettement républicaine celle-là. A peine un millier d'ouvriers, mal armés, tiennent tête à une garnison au moins cinq fois plus forte, tout au long d'une "sanglante semaine". La confrontation entre la réflexion républicaine et la pratique ouvrière équivaut à l'antithèse grandiose mais simpliste, opposant "la maladie politique contre la maladie sociale". Dans les deux cités françaises en proie à l'état, la même lueur de fournaise, une pourpre de cratère au fond du peuple".

A cette époque, pour l'agglomération lyonnaise, on recense de 175 à 180000 habitants, dont environ la moitié vit du tissage de la soie, une industrie qui réagit alors aux plus petites fluctuations du marché. C'est la raison pour laquelle, à Lyon, les travailleurs ont pris, plus tôt qu'ailleurs, conscience de l'antagonisme entre le capital et le travail.

Dans le coeur de ces Canuts la haine grandit contre les exploiteurs. Ils forment entre Rhône et Saône la corporation la plus remarquable et la plus instruite, avec les ouvriers du Livre. Rêveurs avec des explosions de violence, ils ont commencé à s'organiser. Au même moment, un chef d'atelier nommé Charnier, parlera de sa corporation comme on définirait aujourd'hui avec le plus d'exactitude possible l'esprit de "l'être lyonnais": Apprenons que nos intérêts et notre honneur nous commandent l'union. Si ce n'est pas par amour pour autrui, que ce soit au moins pour nos intérêts particuliers. Vous savez combien les timides sont nombreux parmi nous. La timidité, vous ne le savez que trop, est le type du Canut. Nul autre profession n'est si peu ouverte que la notre".

Le 21 Novembre 1831 plus d'un milliers d'ouvriers se rassemblent sur le plateau de la Croix-Rousse, entendant faire respecter l'exécution des nouveaux tarifs. Dix mille attendent sur la place Bellecour. Et ils sont des centaines à la Guillotière. Les Canuts s'élancent avec leurs poings nus, avalant les pentes en contraignant les Autorités présentes à la retraite anticipée. En réponse le préfet invite les "honnêtes gens" à ne pas se mêler au mouvement des "mauvais sujets".

De chaque fenêtre les ménagères crient "Aux armes, aux armes, les Autorités veulent assassiner nos frères." De chaque maison sortent des combattants armés de pelles, de pioches, de bâtons et des étais de leurs métiers à tisser en hurlant: "Du pain ou du plomb!"

Ceux qui n'ont pas d'armes transportent des pavés aux étages supérieurs des maisons ou sur les toits dont ils arrachent les tuiles. Des barricades de voitures s'élèvent rapidement aux quatre coins de le Presqu'île, des bateaux sont renversés sur les quais formant autant de barrages de distance en distance.

Le premier coup de feu retentit montée Saint-Sébastien, la bataille devient acharnée.


Extrait de Fernand Rude "Les Révoltes des Canuts, 1831-1834".
Éditions La Découverte,
9 Bis Rue Abel-Hovelacque,
75013 Paris

"UNDER the Shed!"


Hors du temps, hors de control, l’âme souillée par les seringues des accros à « l‘échappée belle», l’atmosphère agonisant sous les effluves de clodos affalés sans résistance, Adidas ayant tatoué de son empreinte la courge des gars malencontreusement passés de l'autre côté de la semelle, ainsi que le carrelage déguelasse d’un hall de gare tout droit sorti d’une vision de Stanley Kubrick…Parait même qu'à l'époque dans les bureaux du maire, ça faisait déjà 10 ans qu’on espèrait mettre un grand coup de bulldozer dans la fourmilière, mais personne savait par quel bout commencer...

On se souvient d’un plaidoyer sorti de nulle part dans les colonnes d’un canard régional, où une vieille dame du centre-ville répondait en toute élégance à un journaleux curieux qu‘«Etre Lyonnais, c’est aimer le travail, les choses propres et bien faites, avancer sans faire de bruit en ne partageant la douleur de l’existence qu’avec ceux qui mourront à nos côtés. »

Mais ce rencard là échappe à toute définition Lyonnaise, sinon dans sa version chaotique du genre! Le panneau végétant à bout de souffle à l’entrée du couloir indique « SAMEDI: 16H30 » Crasseux, mais déterminé qu’il est à maintenir un semblant de connexion entre les êtres humains, on peut pas s’empêcher de lui consacrer un titre de noblesse. Surtout quand le tic-tac de la clock a décidé qu’aujourd’hui, la récompense des labeurs d’une semaine d’emmerde collective allait tomber: le match de l’Olympique Lyonnais!

Dans les années 90, pour se rendre aux abords de l’enceinte lyonnaise, inutile de pister la trace d’une hypothétique ligne de métro aux stations enguirlandées sur appel d’offres aux architectes du coin. Le check point local affiche les lettres « TERMINAL 96 ». Point de ralliement général d’une mouvance délabrée, repoussant les merdeux qu'on était tentant de les approcher, en nous répondant qu «’on choisit plus sa vie quand on traîne ici! » Et même si, dans la victoire comme dans la déroute, personne ne s’est privé d’écrire son morceau d’histoire, les yeux et la peau de cette génération là transpiraient « l’art-brut » de l’existence sauvage!

« When Saturday Comes», Le Terminal 96 devenait momentanément prétexte à tous les règlements de comptes imaginables, grandeur nature, entres mouvances et bandes rivales…Dans un couloir encore plus « hors du temps et hors de control », crombie coats et stabiles Umbro accomplissaient avec méthode et conscience un travail de nettoyage qu’ils estimaient jamais vraiment terminé...fallait encore revenir le samedi d’après! Et sur un pant de mur où même une pute n’aurait pas osé faire étalage de ses services, une signature, à l’arrache, comme pour mieux suggérer aux indiscrets de pas squatter trop longtemps: OLYMPIQUE LYONNAIS 1950!

15 juillet 2008

Stone Island: Une pipe devenue légende!


Derrière la marque Stone Island repose à jamais l'empreinte de génie du designer italien Massimo Osti, qui est en fait le créateur non pas d'une, mais de deux maisons indissociables, en l'occurence Stone Island et CP Company.
Massimo Osti a commencé d'esquisser les premières lignes de la marque SI en 1982 et décide avant toute chose de lui attribuer un logo incontournable, lui permettant d'être indentifiable au premier coup d'oeil. En dessinant ses premiers croquis, Osti cherche le point de jonction parfait entre sa passion des badges, du design militaire et de son amour pour le nautisme. C'est ainsi qu'est née l'emblématique tag "boussole". Celui-ci est fixé la plus part du temps sur la manche gauche des pulls et des parkas, on le retrouve également fréquement installé à hauteur de la nuque, à proximité du col.
Grace au principe du double boutonnage, les pièces de la marque italienne peuvent être portés avec ou sans griffe, une "nudité" toutefois peu recommandé (mis à part chez les "retailers" qui usent du stratège afin de se prémunir contre tout risque de pillage des "tags" au sein de leurs rayons).
Massimo Osti est issu d'un milieu très populaire de Milan, fin connaisseur de football et, chose avérée, des mouvements subculturels. Paradoxalement, il choisit d'entrée de jeu de sélectionner les matériaux les plus chers pour la confection de ses produits, produits qu'il commercialisera en Italie au prix de la stratégie marketing la plus "hype". En 1974 il dévelloppe la marque "Chester Perry", en référence à un dessin animé comique. Mais la trop grande ressemblance du nom de l'enseigne avec celle de la marque se référant aux lauriers d'un célèbre tennisman anglais, autrement plus ancré sur le marché, lui fait défaut. Les suites d'une brève procédure judiciaire l'inviteront à changer de nom, de logo, et à s'investir dans la création d'une nouvelle enseigne.. la "CP Company".
Innovateur, Massimo Osti s'affirme avec CP Company comme un inventeur, plutôt qu'un créateur traditionnel, n'hésitant pas à remettre en question les repères trendy du monde de la mode masculine italienne. Sans cesse à la recherche de nouvelles trouvailles, Osti n'hésite pas à multiplier les expèriences et va meme jusqu'a utiliser le laser, la glace ou le métal fondu pour ses créations. Avec Stone Island, Osti investi des fortunes dans ses recherches expérimentales en usine et un document d'archive de l'entreprise recense 300 000 prototypes vestimentaires en 2005.
Osti se défini lui meme comme un créateur de vetements technologiques et non comme un fabricant de mode(s). Avec Stone Island, il decide de créer quelque chose de plus singulier et discret que CP Company (plus contemporaine, et volontiers autobiographique, avec 2 fabrications d'anthologie appartenant au panthéon de ce qui fera encore longtemps rêver des centaines d'âmes: la CP Company Millemiglia et la CP Company Metropolis) .
Le choix du nom Stone Island fait semble t'il référence au bateau de Massimo Osti qui s'appelait le "Stone Island Marina", jadis amarré en Sardaigne. Depuis les 95's une partie de la création de SI a été confiée aux mains de Paul Harvey et Moreno Ferrari, arrachés d'une main de fer à la maison "Thomas Burberry". Affecté en 2002 par une maladie grave, Massimo Osti délègue la gestion de sa société à ses deux enfants.
Les casuals du Liverpool FC sont à l'origine du rapatriment de la marque transalpine sur la perfide d'Albion. Celle-ci contaminera les veines des casuals britanniques et connaitra une "ora" sans commune mesure sur les terraces du pays insulaire, dont l'apogée peut être arrété à la première moitié des années 90. Info ou intox propre aux légendes, celle-ci (tel un "modus vivendi" marquant le bras gauche des "front-line") aurait auparavant été la propriété exclusive des "top-lads" de chaque firm. Un principe auquel veillait les leaders ("Run with the SI top boys"). Au contraire d'une autre grande icone des terraces européenes, la direction de SI s'est toujours exprimée très positivement à l'égard de l'affection violente que lui porte les services de sa majesté.
A l'origine les pièces Stone Island furent expressement conçus à base de micros fibres singulierement crées pour chaque collection, et leur résistance aurait semblé pouvoir supporter l'impacte d'un tremblement de terre. Depuis quelques années il n'est en revanche pas rare de flairer la trace de quelques fabrications d'origine chinoise.
Connaissez ce que vous portez,
Stone Island...The Legend
Osti, Rest in peace!