27 septembre 2008

UK 1969: The Football Express


L’évolution des sports de ballon en général, et du football en particulier, à toujours été, chronologiquement parlant, étroitement liée à la violence. Il n’est pas illogique d’inscrire le football dans la continuité des jeux anciens où certains comportements des foules nécessitaient la prise en compte de mesures sociales particulières: maintient de l’ordre, interdiction de stade etc…Une des premières traces se trouve dans les écrits de Tacite relatant la rixe de Pompéi en 59 après J.C. Lors d’un spectacle de gladiateurs regroupés en 2 formations distinctes, des affrontements entre spectateurs des colonies de Pompéi et de Nucérie firent de nombreux blessés, au point que les Pompéins furent interdits de manifestations sportives et les associations dissoutes.

Curieusement, « l’esprit » du football, avec sa genèse vers la moitié du XIX ème siècle, est lui-même lié à la violence (selon les 2 explications britanniques les plus répandues). La première en attribue la paternité aux industriels des bassins miniers des Midlands qui, soucieux de voir leurs ouvriers distraits par des conditions de travail accablantes, cherchèrent à développer cette activité susceptible de canaliser leur attention, et de les défouler une fois le week-end venu. La seconde est à mettre au compte des recteurs de l’université d’Oxford qui voulurent imaginer une activité physique intense capable de canaliser les élèves les plus agités. Sur les stades des bagarres de plus en plus fréquentes accompagnaient les matchs anglais depuis la fin du XIX ème siècle. Mais la Grande-Bretagne des années 60 voit émerger une nouvelle forme de violence qui n’est plus en relation avec des résultats sportifs ou des évènements répondant au schéma " frustration-agression", mais à une violence organisée, et très souvent en groupe. Les violences qui se donnent à voir dans ou aux abords immédiats des stades semblent moins spontanées. Elles ne trouvent plus forcément leur origine dans le jeu, le résultat du match, ou dans l’arbitrage. Ces épisodes fréquents de rixes marquent le passage d’une violence propre à la culture des spectateurs de football, à une violence motivée par des réflexes culturels.

Selon A. Wahl, historien britannique du football, le hooliganisme est avant tout une conséquence de la modification économique au sein du sport roi. L’Angleterre de la fin des années 50’s et du début des 60's voit en effet 14% de sa population vivre en dessous du seuil de pauvreté, n‘arrivant plus à juguler chômage et inflation. Le football voit d’autres sports (plus abordables) se démocratiser, et les stades connaissent alors une baisse de fréquentation inquiétante. Sous l’impulsion de Margaret Thatcher, préconisant une sortie de crise au prix de la politique du « libéralisme strict », les responsables du football britannique entendent résoudre ce problème de désaffection en optant pour la spectacularisation du jeu, à travers la professionalisation des joueurs, l’apparition de campagnes publicitaires massives, une amélioration du confort des tribunes, mais aussi par une transformation des stades. La démocratisation du football, sa diffusion à toutes les couches de la population, et ces nouvelles places disponibles dans les stades entraînent l’apparition de publics différents, moins connaisseurs, socialement plus aisés... Ce nouveau football bouleverse les valeurs établies. D'un sport de classe il se transforme petit à petit en produit de consommation.

Selon Bourdieu (dans ses « Travaux de Bourdieu ») c’est encore dans la mutation du facteur économique que germera le hooliganisme. Logique: soucieux de préserver l’ambiance au sein de leurs enceintes, les responsables des clubs décident de consacrer une partie de leurs stades à un public populaire, issu de la classe ouvrière: les virages. Brombergé explique qu’en offrant des billets bon marché, les présidents encourageront un regroupement massif de jeunes qui s’approprieront leur virage, rendant autonomes ces parties de stade.

Ainsi les virages deviennent le territoire de jeunes lads se liant en fonction du club qu’ils soutiennent, de leur quartier de naissance, ou de leur « rought-culture » d’appartenance (rude-boys, skinheads…) Tous désireux d’avoir, eux aussi, accès à la vitrine professionnelle du sport qu’ils pratiquent en club ou entre potes depuis l’enfance. Enfin, tous désireux de former ensemble la « firm » (bande) représentant le club de leur cœur sur les gradins. Germe alors un mouvement de culture de la rivalité, où le virage devient un mode de construction identitaire, en opposition au parcage visiteur. Le hooliganisme est né…

Aux 4 coins de la Perfide, et à Londres à particulier, des regroupements de youngs prospérant dans leur chaos s’opèrent en direct. A cette époque, difficile toutefois de parler de « firm » au sens nominatif du terme, et dans l‘organisation aussi. Dans les clubs de première et deuxième division, les rassemblements (principalement de jeunes skinheads blancs) bourgeonnent en donnant naissance à un mode de vie sous forme de meute. Les skinheads & co deviennent artistes dans ce qui sera le jeu d‘un pays tout entier: aller au stade en bande pour prendre possession du virage adverse…

Dès 1968, le journaliste Lord Harrington met en évidence dans son rapport, que les hooligans arrêtés et interrogés sont tous d’authentiques supporters de leur équipe, jeunes et érudits, possédant une solide connaissance du football, des joueurs, et une majeure partie d’entre eux vient au stade en portant des insignes caractéristiques de leur clubs respectifs. Cette étude aurait alors pu trancher sur un fantasme qui perdure aujourd’hui: le hooliganisme est principalement le fait d’authentiques supporters de football, mêlant sport avec territoire. Pour E. Erhenberg, l’obsession à marginaliser le phénomène est claire. Il s’agit d’abord, pour le football, de garder une image de sport propre, mais également de s’affranchir de toute responsabilité morale, concernant le fait d’avoir suscité la venue d’un nouveau public et de l’avoir sciemment (ou non) laissé commettre des délits. Ensuite, de se dégager de toute responsabilité financière et morale pour les infractions commises, notamment vis-à-vis d’investisseurs ou des assureurs.

Dans le courant des années 70’s, de Swansea à Portsmouth, de Bristol à Manchester, en passant inévitablement par Liverpool où Londres, chaque club possède désormais une bande organisée, affairée à la défense de son territoire. Légende vivante des gradins anglais, et jadis meneur du « Mile-End» puis de l’ « ICF » de West-Ham, Cass Penant évoque une révolte des jeunesses de la classe ouvrière, entraînant des centaines d’ados (ayant à l’époque de 12 à 20 ans), dans un univers où chaque groupe cherche la reconnaissance en s‘opposant violemment, ou en envahissant les terrains, en affichant sa supériorité et en cherchant à conquérir le virage adverse. Le phénomène est d’autant plus accru à Londres du fait de la proximité géographique extrême entre chaque club. Les différentes bandes se livrent chaque week-end à un véritable championnat parallèle, dans des affrontements multiples, encore circonscrits dans les gradins ou dans leurs alentours directs.

Dans les 70's il est encore difficile de parler d’une véritable culture hooligan, tant du point de vue musical, que vestimentaire ou du langage . Celle-ci est plutôt la somme du mélange entre plusieurs autres mouvement de l'underground, mouvement skinhead en particulier. Mélange, dont le point de chute sportif donnera naissance au fil des années, à une culture hooligan à part entière.

Au pouvoir à la même période, M. Thatcher s’emploie à redresser coûte que coûte l’économie du pays, fût-ce au détriment des classes ouvrières et au prix de la fracture sociale qui s’installe. Les mesures économiques et sociales drastiques prisent à l’encontre de la working-class ont plaçé sous contrôle la prolifération du hooliganisme. La brutalité du projet Thatchérien, qui ambitionnait de l’effacer culturellement et socialement au moyen d‘une répression féroce, libéra en fait des facteurs puissants aboutissant à l’apparition début 80’s d’un hooliganisme "repensé"-plus discret et organisé, abandonnant les influences culturelles de mouvements trop voyants... au profit de l‘émergence, ou résurgence (si l‘on s‘en fit à ses premiers acteurs Victoriens ou Mods) d‘une culture en plein essor: le mouvement « casual ».

Ne restait plus qu’à contaminer l’Europe entière...
Depuis lors pas moins de 3 décades se sont écoulées. Et à défaut d'avoir pu concrètement enrailler le nombre d'incidents ou d'arrestations, les autorités Britanniques ont au moins su faire respecter leur stratégie médiatique, interdisant aux services médias de communiquer sur la fréquence des rixes entre bandes rivales. Tout porterait à croire que l'histoire marriant football et débordements n'est pas prête de s'arrêter...

21 septembre 2008

1939-1945: Deux Lyonnais contre le temps...



Lyon en 39-45, une ville qui (à l'image de ses traboules) savait tout mais ne voulait rien montrer. De l'aveu de tous les historiens qui se penchèrent sur la situation de la Capitale des Gaules à l'époque, on parle d'un contexte impossible à décrire, et de jeux d'alliances ou de trahisons complexes à déchiffrer, tellement les activités résistantes et collaboratrices y furent intenses. 2 camps ennemis plus tard, destins croisés entre 2 esprits lyonnais oubliés des récits historiques de notre région. 2 esprits qui consacrèrent l'essentiel de leur vie au service d'une guerre trop longue. Henry Frenay et Savitri Devi, 2 Lyonnais "contre l'autre camp" et "contre le temps"!



Savitri Devi (1905-1982):

Savitri Devi était une française, partisane de l'indépendance de l'Inde, admiratrice de l'Hindouisme et du Nazisme. Elle naquit en 1905 à Lyon, son nom original était Maximiani Portas. Selon elle, elle devint nazie après avoir visité la ville de Jérusalem dans les années 1920. Elle fut l'élève du logicien Edmond Goblot. En 1932, elle s'installe en Inde, et lutte contre l'influence de l'islam et du christianisme dans ce pays. Elle soutient, durant la Seconde Guerre mondiale, l'Axe Rome-Berlin et donna, selon elle, des informations aux Japonais.

En 1956, elle écrivit un livre qu'on pourrait qualifier comme étant son "chef-d’œuvre", La Foudre et le soleil, dans lequel elle décrit sa "philosophie d'histoire" où elle décrit trois types d'homme:

-L'homme en dedans le temps: il utilise les mœurs de son époque par profit personnel, comme Staline.
-L'homme au-dessus du temps: il vit sa vie en accord avec les mœurs d'un âge passé, en général un âge considéré comme étant un âge d'or, mais il n'a pas beaucoup d'influence envers son entourage contemporain. L'auteur cite Akhenaton.
-L'homme contre le temps: il utilise la violence afin de provoquer un changement dans la société, pour retourner à une société aux mœurs et valeurs anciennes. L'exemple cité est Benito Mussolini.

En marge, l'auteur consacrera une bonne partie de sa carrière à la défense de la cause animale.

De 1960 à 1962, elle est professeur auxiliaire à Lyon sous le nom de "Madame Portas". À partir de 1962 et dans les années 1970, elle retourne habiter en Inde et devint active dans les cercles néo-nazis. Quelques-uns de ses écrits ont été publiés en Amérique par le nazi William Pierce. Son livre " Akhénaton fils du Soleil " qui décrit le potentiel à réunir l'Asie et l'Occident n'a été publié qu'après sa mort par les éditions Rosicrucienne (1 septembre 1991).

Henry Frenay (1905-1988), Inventeur de la Résistance Française:

Henri Frenay est né le 19 novembre 1905 à Lyon. Il est issu d'une famille d'officiers, catholique et lyonnaise, et appartient à cette génération qui célèbre la France victorieuse de 1918 et voue une haine terrible à l'Allemagne. Henry Frenay fait ses études au lycée Ampère de Lyon, il est plutôt de tendance nationaliste et conservatrice. Scolarisé dans le 1er arrondissement, il partira successivement faire l'école militaire de Saint-Cyr, puis s'engagera sur le front de Syrie.

Il rencontre Berty Albrecht en 1934. Grâce à elle, il entre en contact avec des réfugiés allemands anti-nazis et en vient à s'intéresser au nazisme dont il découvre alors la doctrine à travers la lecture de Mein Kampf . Convaincu que la France finira par se relever de l'invasion Allemande, il se met en devoir de rassembler à Lyon, en août 1940, un début de réseau pour ce qui sera le premier mouvement historique de Résistance Intérieure, le Mouvement de Libération Nationale (MLN). Dans cette même période, il parvient rapidement à mettre sur pied un service de presse clandestine, qui imprime un journal alors intitulé "Les Petites Ailes", et qui sera rapidement renommé "Vérités".

Frenay est ensuite envoyé à l'État-Major du renseignement militaire à Vichy, unissant les mouvements naissants de chaque provinces, tout en prenant soin de respecter un cloisonnement très strict pour éviter tout "coup dur". De la suite de ces fusions successives, le MLN est renommé en MLF, Mouvement de Libération Française. Recherché par la Gestapo et par la police Française, il plonge rapidement dans la clandestinité et adopte différents noms d'emprunt comme Henri Francen, Morin, ou Charvet, nom sous lequel il était connu des services britanniques. En zone libre, son journal "Vérités", se transforme en "Combat" fin 1941, dont le sous-titre est "Organe du mouvement de la Résistance Française". A préciser que le réseau d'Henry Frenay est également appelé "Résistance non-communiste de la zone sud".

En juillet 1941, il rencontre à Caluire un ancien préfet, Jean Moulin. C'est Henri Frenay qui le formera et l'introduira à la clandestinité, faisant d'emblée confiance à cet inconnu qui l'impressionne. Il lui dévoile le fonctionnement de "Combat".
En janvier 1942, nouvelle rencontre avec Jean Moulin, de retour de Londres, chargé d'unifier la Résistance française et de la rallier à de Gaulle. Il le voit ensuite fréquemment jusqu'en 1943. Moulin apportera avec lui le financement de Londres, qui alimentera dès lors les mouvements de Résistance.

En 1944, il fait partie des délégués de différents mouvements nationaux de résistance qui se réunissent chez le pasteur Willem Visser à Genève pour rédiger puis adopter la Déclaration des résistances européennes. A la Libération, il est d'avis que la Résistance ne doit pas s'arrêter "au dernier coup de canon" mais devenir le moteur d'une reconstruction politique et sociale du pays.

Opposé à la présence française en Algérie, il appel finalement à voter contre De Gaulle.







06 septembre 2008

Avant-Pendant-Après: Gomorra, Napoli 1926, Curva A & Teppismo.


Naples, troisième ville Italienne où vivent près d’1 400 000 habitants aux abords du Vésuve. Naples et sa baie faisant la joie des touristes, Naples et ses quartiers reculés où il ne fait pas toujours bon trainer, ou encore Naples et la forte culture identitaire caractérisant bien ses habitants. Enfin, Naples et son club de football le SC Napoli fondé en 1926.

A Naples le mouvement ultrà s’implante discrètement au début des années 70’s avec l’arrivée des « Ultras » et « Commandos » . Les 2 groupes, inexpérimentés, peinent à rassembler les masses de « scunizzi » (gamins "pur terroir") arpentant les travées gigantesques du stade San Paolo. Ils décident finalement de fusionner entre eux en 1982 sous l’impulsion de Gennaro Montuori, aka Palummella, personnage unique, père fondateur du supporterisme Napolitain. Sous son impulsion voit le jour le Commando Ultrà Curva B. Très vite Palumella marque le groupe de son empreinte.

Le virage B devient un virage festif, coloré, non-violent. En outre le CUCB choisit d’intégrer la puissante « Associazione Napoli Club » , devenant lui-même par le fait un Club de supporters reconnu par la direction du Napoli, et travaillant en symbiose avec elle. Dans le jargon cette démarche est appelé une position filo-sociétaire. Mois après mois le Commando Ultra grandit pour finalement atteindre le chiffre impressionnant de 7000 membres cartés, il anime sa propre émission de télé, et crée un mensuel appelé « Ultr’Azzurro ». Vendu chaque mois à plus de 20 000 exemplaires le magazine s’impose comme l’organe officiel du supporterisme Napolitain. Jusqu’au début des années 90’s le CUCB de Palumella, avec ses drapeaux gigantesques, ses voiles géantes et ses milliers de fans s’amassant derrière la bâche du groupe, fait l’histoire du San Paolo, et ce sans contestation.

Au même moment émerge peu à peu dans l’autre virage, la Curva A, une autre catégorie d’ultras Napolitains. Plus agés, extrèment revendicatifs et bélliqueux, autonomes vis-à-vis de la direction du Club. Au fil des années ils donneront naissance à plusieurs groupes tels que Teste Matte 87, Masseria, Mastiffs, Vecchi Lions, Noi del Nord, Quartiere Spagnolo, Nucleo ('93), Old Clan 91, South Boys, Cobra, Wanted, Brigata Carolina et Skizzati.

Les groupes du Virage A imposent progressivement une identité nouvelle au style ultrà Napolitain, et voient leurs troupes de militants grossir à vue d’œil. « Cohérence et Exigence » sont choisies comme valeurs fondatrices des groupes. A l’extérieur du stade comme en déplacement les affrontement deviennent systématiques avec supporters adverses et forces de l’ordre. Les antagonismes et les divergences entre Curva A et B vont crescendo, d’ailleurs Palumella se voit contraint dans le courant des années 90’s d’évoluer entouré de son propre service de sécurité.

En 98’ Angelo Pompameo, secrétaire général du Commando Ultrà et bras droit du président est violemment agressé dans l’enceinte même du stade. Toujours dans les années 90’s les affrontements sont de plus en plus nombreux et de plus en plus violents avec les principales tifoserie rivales. A commencer par la Salernitana, distante de seulement 40 kms. Les matchs permettant aux fans de la Curva A de se mesurer à ceux de Vérone, Lazio et Roma, Atalanta et Brescia, Avellino, Bari, Fiorentina, Cagliari, Milan et Inter ou encore Reggina sont la plus part du temps dignes de scènes de micros-guérilla urbaines. A l’issu de la saison 99/00 qui voyait le SC Napoli rétrogradé en Série B après un an de parcours dans la division reine, pas moins de 17 déplacements fûrent émaillés d’incidents plus ou moins graves en marge des rencontres disputés par le club bleu azur.

Depuis une poignée d’année la rivalité explose avec les fans de la Salernitana, tifoseria de longue tradition et elle aussi dotée de nombreux effectifs, dans le cadre du derby Parténope qui n’avait plus lieu depuis de longs moments. En 2002, en réponse à un avant-match houleux où plusieurs supporters Salernitani seront conduis à l’hôpital suite à des agissements napolitains douteux, sans parler de tags offensant la mémoire de supporters Salernitani décédés en 99 sur la route de Piacenza, une délégation de Salerne s’invite par surprise et pénètre violemment dans le local d'un groupe Napolitain bien connu. Quelques semaines plus tard les leaders ultrà Montuori et Ciccarelli seront amenés à présenter leurs excuses.

En 2003 lors du derby voyant Naples se rendre à Avellino, ville de taille moyenne située dans l’arrière pays local, des échauffourées éclatent entre fans des 2 camps et Sergio P, jeune tifoso, fait une chute gravissime en tentant d’échapper à une violente charge policière. Inanimé, gisant à terre, les forces de l’ordre empêchent pourtant la moindre intervention des secours à destination du jeune homme agonisant. S’en suivront des épisodes d’une violence telle que les carabiniers seront contraints de sortir intégralement du stade afin de se protéger. Les images de ces évènements feront le tour de la planète.

En Sardaigne toujours en 2004, le « derby » contre Cagliari se joue sur terrain neutre dans l’arrière pays Sarde. Non contents d’avoir à effectuer la traversée d’une mer et d’une île toute entière, les fans Parténopes trouvent en supplément le moyen de saccager plusieurs petits villages de Sardaigne sur leur passage, et d’arriver à destination avant leurs rivaux de Cagliari. Ces derniers devront répondre à des charges d’individus... cachés derrières des bosquets à proximité du stade…

Mais c’est avec les clubs de Rome que la rivalité est la plus vivace. Une rivalité de longue date faite de coups tordus, d’affaires particulières et de moqueries incessantes, rendant suffocante l’atmosphère de la moindre rencontre entre la cité Parténope et la capitale. Lors de la plus part de ces oppositions, les alentours de l’Olimpico prennent des allures de « fin du monde » selon les récits des 2 bords.

En Curva B, à quelques mètres du Commando Ultrà, le groupe « Fedayn » s’affirme comme la première force ultra à Naples, rassemblant notamment quelques unes des têtes les plus réputés de la scène du San Paolo. Le discours du groupe est clairement différent de celui du CUCB, pour ne pas dire à des années lumières. Hautement respectés en Italie, fidèles aux anciennes dogmes du monde ultrà et allergiques aux phénomènes de mode, les Fedayn sont à l’origine d’une philosophie ultrà locale baptisée « EAM », autrement dit « Étrangers à la Masse ». En de nombreuses reprises les groupes du Virage A demanderont aux Fedayn, notamment par banderoles interposées, de venir les rejoindre dans l’autre virage.

Ces même Fedayn sont à l’origine du déclanchement d’un mouvement de contestation tranchant à l’encontre de Ferlaino l'ancien président du club, accusé depuis décembre 98 de faible attachement au maillot et de gestion frauduleuse du SC Napoli. S’en suivront plus de 5 années de pied de guerre contre la direction avec le boycott’ des campagnes d’abonnement, la non-exposition des bâches des groupes et l’arrêt total des chants pendant les rencontres, ou encore des manifestations sans précédents dans les rues de Naples. Pour la peine, le Commando Ultrà pourtant fidèle aux décisions sociétaires s’unira également aux cotés des autres groupes.

Au niveau chorégraphique, l’ensemble Parténope ne semble jamais avoir fait du domaine en question une priorité. Le CUCB était dans les années 90 dépositaire d’un certain nombre de belles prestations réalisées principalement à base de voiles géantes, de pots de fumée multicolores ou de feuilles. La Curva A quand à elle exprime fréquemment sa passion assez exclusive pour les « torciata » (rangées de torches). Outre la grande pèriode de gèle du "sostegno" Napolitain sous l'ère Ferlaino, le stade San Paolo est en revanche une vraie « bombonnera » pour qui s’y rend en visiteur, et les déplacements du SC Napoli sont systématiquement synonymes de marées humaines remarquables envahissant les villes adverses.


Jusqu’à la saison 2004/2005 prenaient place dans la partie supérieure du Virage A les « Vecchi Lions », forts d’environ 250 unités, très présents en déplacement. A leur flanc au centre se positionnaient les Teste Matte 87, représentant la frange la plus extrême du supporterisme Napolitain, avec un noyau de 300 unités d’environ 25 ans de moyenne d’age. Les membres des Teste Matte proviennent essentiellement du « Quartier Espagnol » de Naples. Pour intégrer ce noyau un jeune doit "semble t'il" vaillamment prendre part à 6 mois d’affrontements dans la rue, avant que les plus agés statuent de son acceptation. Oui nous sommes concrètement à des années lumières des travées françaises! Le groupe arbore divers slogans sans équivoque possible comme « Nient’ Incontri Solo Scontri » (« Pas de rencontres amicales, juste des affrontements»), ou « Prima Durante Dopo » (Avant Pendant Après). Les Mastiffs, né en 91 et forts de 800 unités, incarnent la relève du mouvement Napolitain en A avec des éléments plus jeunes encadrés par des leaders historiques. Les Mastiffs sont très présents dans les affrontements et toujours à la recherche du prochain « foutage de merde ». A leur gauche enfin prenaient place les « Masseria », un groupe d’action d’environ 80 unités, plus agés.

A noter que tous ces groupes ne produisaient pas, ou infiniment peu, de matériel. A noter également que dans un souci d’esthétisme ils avaient convenus depuis le début des années 2000 de peindre chaque bâche et chaque étendart avec une police d’écriture similaire.
Depuis 5 ans un vaste projet unitaire à permis à l’ensemble des groupes de la Curva A, dans un but d’efficacité et d’homogénéité, de se regrouper derrière une seule et même appellation, le « Napoli 1926 ». Projet auquel seuls les Teste Matte n’ont pas voulus prendre part, ces derniers se trouvent dorénavant en tribune latérale.

Les groupes Napolitains sont apolitiques, fonctionnent en vase clos et sont très durs à approcher. Aucun courant politique majeur n’est exprimé, même si les groupes de la Curva B pencheraient à gauche, et ceux de la A à droite. Un jumelage les lia dans les années 70’s aux ultras de l’AS Roma, dans les années 80’s à ceux de l’Empoli, enfin depuis lors naquit un jumelage solide avec les ultras du Genoa.

Les groupes Italiens parlent d’une tifoseria hautement passionée et dangereuse, très performante vocalement, originale et doté d’un potentiel énorme au sein de ses travées. Après des années de contestation dure et de soucis judiciaires accrus, les groupes Napolitains ont clairement repris force et vigueur. En atteste les évènements du dernier Roma/Napoli.





I.L Nov Langue: Effectuer un travail de recherche, de compréhension et d'analyse sur le système Parténope n'est pas chose facile. Comme beaucoup le savent certaines tifoserie demeurrent assez perméables, d'autres non...et celle-ci en fait parti. Si toutefois certains ajouts, précisions ou rectifications devaient êtres pris en compte, merci aux personnes éclairées de nous transmettre ceci par mail.