19 juillet 2008

"UNDER the Shed!"


Hors du temps, hors de control, l’âme souillée par les seringues des accros à « l‘échappée belle», l’atmosphère agonisant sous les effluves de clodos affalés sans résistance, Adidas ayant tatoué de son empreinte la courge des gars malencontreusement passés de l'autre côté de la semelle, ainsi que le carrelage déguelasse d’un hall de gare tout droit sorti d’une vision de Stanley Kubrick…Parait même qu'à l'époque dans les bureaux du maire, ça faisait déjà 10 ans qu’on espèrait mettre un grand coup de bulldozer dans la fourmilière, mais personne savait par quel bout commencer...

On se souvient d’un plaidoyer sorti de nulle part dans les colonnes d’un canard régional, où une vieille dame du centre-ville répondait en toute élégance à un journaleux curieux qu‘«Etre Lyonnais, c’est aimer le travail, les choses propres et bien faites, avancer sans faire de bruit en ne partageant la douleur de l’existence qu’avec ceux qui mourront à nos côtés. »

Mais ce rencard là échappe à toute définition Lyonnaise, sinon dans sa version chaotique du genre! Le panneau végétant à bout de souffle à l’entrée du couloir indique « SAMEDI: 16H30 » Crasseux, mais déterminé qu’il est à maintenir un semblant de connexion entre les êtres humains, on peut pas s’empêcher de lui consacrer un titre de noblesse. Surtout quand le tic-tac de la clock a décidé qu’aujourd’hui, la récompense des labeurs d’une semaine d’emmerde collective allait tomber: le match de l’Olympique Lyonnais!

Dans les années 90, pour se rendre aux abords de l’enceinte lyonnaise, inutile de pister la trace d’une hypothétique ligne de métro aux stations enguirlandées sur appel d’offres aux architectes du coin. Le check point local affiche les lettres « TERMINAL 96 ». Point de ralliement général d’une mouvance délabrée, repoussant les merdeux qu'on était tentant de les approcher, en nous répondant qu «’on choisit plus sa vie quand on traîne ici! » Et même si, dans la victoire comme dans la déroute, personne ne s’est privé d’écrire son morceau d’histoire, les yeux et la peau de cette génération là transpiraient « l’art-brut » de l’existence sauvage!

« When Saturday Comes», Le Terminal 96 devenait momentanément prétexte à tous les règlements de comptes imaginables, grandeur nature, entres mouvances et bandes rivales…Dans un couloir encore plus « hors du temps et hors de control », crombie coats et stabiles Umbro accomplissaient avec méthode et conscience un travail de nettoyage qu’ils estimaient jamais vraiment terminé...fallait encore revenir le samedi d’après! Et sur un pant de mur où même une pute n’aurait pas osé faire étalage de ses services, une signature, à l’arrache, comme pour mieux suggérer aux indiscrets de pas squatter trop longtemps: OLYMPIQUE LYONNAIS 1950!