21 septembre 2008

1939-1945: Deux Lyonnais contre le temps...



Lyon en 39-45, une ville qui (à l'image de ses traboules) savait tout mais ne voulait rien montrer. De l'aveu de tous les historiens qui se penchèrent sur la situation de la Capitale des Gaules à l'époque, on parle d'un contexte impossible à décrire, et de jeux d'alliances ou de trahisons complexes à déchiffrer, tellement les activités résistantes et collaboratrices y furent intenses. 2 camps ennemis plus tard, destins croisés entre 2 esprits lyonnais oubliés des récits historiques de notre région. 2 esprits qui consacrèrent l'essentiel de leur vie au service d'une guerre trop longue. Henry Frenay et Savitri Devi, 2 Lyonnais "contre l'autre camp" et "contre le temps"!



Savitri Devi (1905-1982):

Savitri Devi était une française, partisane de l'indépendance de l'Inde, admiratrice de l'Hindouisme et du Nazisme. Elle naquit en 1905 à Lyon, son nom original était Maximiani Portas. Selon elle, elle devint nazie après avoir visité la ville de Jérusalem dans les années 1920. Elle fut l'élève du logicien Edmond Goblot. En 1932, elle s'installe en Inde, et lutte contre l'influence de l'islam et du christianisme dans ce pays. Elle soutient, durant la Seconde Guerre mondiale, l'Axe Rome-Berlin et donna, selon elle, des informations aux Japonais.

En 1956, elle écrivit un livre qu'on pourrait qualifier comme étant son "chef-d’œuvre", La Foudre et le soleil, dans lequel elle décrit sa "philosophie d'histoire" où elle décrit trois types d'homme:

-L'homme en dedans le temps: il utilise les mœurs de son époque par profit personnel, comme Staline.
-L'homme au-dessus du temps: il vit sa vie en accord avec les mœurs d'un âge passé, en général un âge considéré comme étant un âge d'or, mais il n'a pas beaucoup d'influence envers son entourage contemporain. L'auteur cite Akhenaton.
-L'homme contre le temps: il utilise la violence afin de provoquer un changement dans la société, pour retourner à une société aux mœurs et valeurs anciennes. L'exemple cité est Benito Mussolini.

En marge, l'auteur consacrera une bonne partie de sa carrière à la défense de la cause animale.

De 1960 à 1962, elle est professeur auxiliaire à Lyon sous le nom de "Madame Portas". À partir de 1962 et dans les années 1970, elle retourne habiter en Inde et devint active dans les cercles néo-nazis. Quelques-uns de ses écrits ont été publiés en Amérique par le nazi William Pierce. Son livre " Akhénaton fils du Soleil " qui décrit le potentiel à réunir l'Asie et l'Occident n'a été publié qu'après sa mort par les éditions Rosicrucienne (1 septembre 1991).

Henry Frenay (1905-1988), Inventeur de la Résistance Française:

Henri Frenay est né le 19 novembre 1905 à Lyon. Il est issu d'une famille d'officiers, catholique et lyonnaise, et appartient à cette génération qui célèbre la France victorieuse de 1918 et voue une haine terrible à l'Allemagne. Henry Frenay fait ses études au lycée Ampère de Lyon, il est plutôt de tendance nationaliste et conservatrice. Scolarisé dans le 1er arrondissement, il partira successivement faire l'école militaire de Saint-Cyr, puis s'engagera sur le front de Syrie.

Il rencontre Berty Albrecht en 1934. Grâce à elle, il entre en contact avec des réfugiés allemands anti-nazis et en vient à s'intéresser au nazisme dont il découvre alors la doctrine à travers la lecture de Mein Kampf . Convaincu que la France finira par se relever de l'invasion Allemande, il se met en devoir de rassembler à Lyon, en août 1940, un début de réseau pour ce qui sera le premier mouvement historique de Résistance Intérieure, le Mouvement de Libération Nationale (MLN). Dans cette même période, il parvient rapidement à mettre sur pied un service de presse clandestine, qui imprime un journal alors intitulé "Les Petites Ailes", et qui sera rapidement renommé "Vérités".

Frenay est ensuite envoyé à l'État-Major du renseignement militaire à Vichy, unissant les mouvements naissants de chaque provinces, tout en prenant soin de respecter un cloisonnement très strict pour éviter tout "coup dur". De la suite de ces fusions successives, le MLN est renommé en MLF, Mouvement de Libération Française. Recherché par la Gestapo et par la police Française, il plonge rapidement dans la clandestinité et adopte différents noms d'emprunt comme Henri Francen, Morin, ou Charvet, nom sous lequel il était connu des services britanniques. En zone libre, son journal "Vérités", se transforme en "Combat" fin 1941, dont le sous-titre est "Organe du mouvement de la Résistance Française". A préciser que le réseau d'Henry Frenay est également appelé "Résistance non-communiste de la zone sud".

En juillet 1941, il rencontre à Caluire un ancien préfet, Jean Moulin. C'est Henri Frenay qui le formera et l'introduira à la clandestinité, faisant d'emblée confiance à cet inconnu qui l'impressionne. Il lui dévoile le fonctionnement de "Combat".
En janvier 1942, nouvelle rencontre avec Jean Moulin, de retour de Londres, chargé d'unifier la Résistance française et de la rallier à de Gaulle. Il le voit ensuite fréquemment jusqu'en 1943. Moulin apportera avec lui le financement de Londres, qui alimentera dès lors les mouvements de Résistance.

En 1944, il fait partie des délégués de différents mouvements nationaux de résistance qui se réunissent chez le pasteur Willem Visser à Genève pour rédiger puis adopter la Déclaration des résistances européennes. A la Libération, il est d'avis que la Résistance ne doit pas s'arrêter "au dernier coup de canon" mais devenir le moteur d'une reconstruction politique et sociale du pays.

Opposé à la présence française en Algérie, il appel finalement à voter contre De Gaulle.