27 juin 2008

Introduktion (We are the robots)



Le 18 Novembre 1831, au moment précis où les ouvriers Canuts decendent les pentes armes en main, une partie de l’assistance entonne le refrain révolutionnaire: « Nous sommes l’armée des Canuts, Si tu veux être heureux, Détruit le roi et fou le commerce dans la merde, Nous sommes l’armée des Canuts, Nous ne marcherons plus nus! »

De la foi inébranlable du peuple lyonnais naquirent 2400 ans d’histoire et de soulèvements. De sa suffocation nait sa revendication, et celle-ci traverse tous les siècles.. De son attachement indéfectible à ses racines fût bercée la rébellion! Au-delà de l’ancestrale tentation lyonnaise pour l’amour de la patrie, la révolte court entre Rhône et Saône, d’un bout de siècle à l’autre, comme un démon se perdant et ressurgissant quelques décennies plus tard…

L'addiction nous liant par le lien du sang à cette ville, à son club de football l’Olympique Lyonnais, ainsi qu’à l’univers inépuisable des subcultures, n’est pas le complément, mais le point de départ et l’amphétamine de l’existence. Traduction footballistique: Êtres et demeurer au service d’une histoire qui a modelée l’âme de notre cité.

Aujourd’hui, face au mode de vie indéfectible d’une poignée de locaux, chargent les idées dominantes du « supporterisme capitaliste », créant une fragilité qui tend à effacer le sentiment d’appartenance commune à un sol et à son underground. Autrefois bastion historique d‘une passion tenace, abonné à la défonce collective, fierté des classes ouvrières (et pas seulement), Gerland embrasse désormais des armées d’investisseurs serrant les mains pendant qu‘ils vident les poches, de milliers de nouveaux «clients » qui ne franchiraient les portes de l’Antre Lyonnaise autrement que celles d’un supermarché… Ou comment notre Olympique, indépendamment de son essor spectaculaire, s’est- il muté en repère de la fausse « Culture Club», ne répondant plus à la place du lien religieux entre Lyon et Passion (?)…

Ceci est notre zone d'expression, et elle est libre, allergique aux diktats de la « football-industrie » et à la marchandisation du ballon rond… Comme une excuse prête à être porté par une jeunesse lyonnaise désorganisée, belle et survoltée! A ceux qui se mobilisent pour que survive cette Identité au milieu d’un univers standardisé comme une chaîne de télé... l’âme de ce blog vit au rythme des cultures adolescentes, de leurs partis pris, et il vous est dédié… Après tout, notre Olympique est affaire personnelle!


Par les Lyonnais et pour les Lyonnais
ON EST LYON ET ON VOUS EMMERDE!






20h45 NOV-LANGUE: CE BOARD EST UNE TRIBUNE A BUT INFORMATIF ET NUL AUTRE, CONSACREE A LYON ET AUX EXPRESSIONS SUBCULTURELLES-DE CE FAIT NOUS VEILLERONS CONSCIENCIEUSEMENT A CE QU'AUCUNE RECUPERATION POLITIQUE OU VIOLENTE NE SOIT FAITE AU SUJET DES ARTICLES PUBLIES -SINCERLY, INDEPS!

23 juin 2008

Electrochoc



« Mais comment exprimer la folie des dix dernières années en faits et en personnes? Toutes les revues musicales célébrant notre mouvement, tous les magasines parlant d’électro furent impuissants à rendre compte du phénomène avec authenticité. […] Car la vraie histoire ne se trouve pas dans d’obscurs white labels ou dans les tribulations des pop stars, mais dans les émotions des personnes ayant vécu ce désordre, cette absurdité, ces excès. » Disco Biscuits.

L’endroit est familier, pourtant il exhale l’odeur du diable depuis qu’ils ont eu l’idée 100% républicaine de nous sucrer l’usage de la cloppe à l’intérieur, avec cette odeur fétide de chiottes jumelée à celle des frites grasses, qui te strangule la gorge à peine assis au comptoir... Avec le nombre d’heures qu’on dépense chaque mois dans ce rade, on se disait auparavant qu’on finirait par mourir d’un cancer des poumons. Maintenant, à regarder leurs espèces de bocaux remplis de sucettes pour te faire « passer le goût », on est à peu près surs de mourir du cholestérol!

Ce soir Mike et Dean, 2 représentants de la givrée « Cardiff Soul Crew » nous font l’honneur d’une petite visite, la première en terre lyonnaise. Dans le genre « moulins à paroles grillés du disque dur (sans avoir touché à quoi que ce soit) », on a pas vu mieux depuis…j'en sais rien. D’emblée j’adhère totalement à leur plan de carrière, ils ont pas franchement mis d'option sur le genre de répartie servant à rentrer de soirée les bras remplies de filles, et dans leurs existences de Gallois passant leur temps à hurler aux badaux qu’ils sont «des putains de Gallois mais pas des putains d’anglais », pas grand-chose ne semble les concerner (en tous cas ce soir), mis à part le foot, les fringues…et la musique!

La « queue leu-leu » va bon train, les conversations s’enchaînent peinard, passant en revue ce que l’Angleterre du NME à pondu de mieux ces derniers temps, The Enemy, The Kooks, The View etc…Certes, pas de quoi péter un câble, mais Dean avait envie de péter un câble, d'envoyer sa rafale à lui, ça se voyait comme le nez d’un rabbin tout malingre au milieu de la figure, et ça se sentait comme cette odeur de chiottes fétides qui risquait pas d’arrêter de te lyncher les naseaux vu l’ampleur des aller/retour dans la cabine de défection:

« Putain s’il fallait raser toutes les villes de la terre et n’en garder qu’une seule, s’il fallait que ce putain de Tsunami thaïlandais rase toute la planète et n’épargne qu’un seul endroit, s’il fallait que la Werchmacht fasse son come-back et ne préserve qu’une seule contrée, alors il faut que ça soit Manchester!! Fuckin hell toute la musique vient de là, tout ce qu’on écoute aujourd’hui et tout ce qui nous mettra en trance demain sort de ce putain d‘endroit!! Putain Manchester, retenez bien: Fuckin' Man-ches-ter! »

Non contents d’avoir raté, pour la plupart d’entre nous, les années où fans de football et branleurs de tous bords pouvaient encore laisser libre court à leur créativité sans caméras de surveillance et autres IDS par Intérim, on si dit qu’on a peut-être manqué quelque chose d’encore plus grandiose et chaotique…Electrochoc!


Il y’a une soirée, une en particulier, sur les centaines vécues à travers le monde. Une soirée, et un disque durant lequel soudain quelque chose bascula. Dès le lendemain, dans chaque recoin de l’espace de Manchester, on en ressentit l’onde de choc. Les radios et les clubs tremblèrent tout d’abord, puis ce fût le paysage tout entier qui se transforme, à une vitesse fulgurante. Et notre histoire commence comme ça.

C’était un soir de pluie ordinaire du printemps 87, face à un building de briques rouges délavées par des décennies de pluie torrentielle et de fumée industrielle, un lieu qui œuvre de son mythe à la lisière du quartier sinistré de Whitworth Street: L’Hacienda! Mike Pickering, un des Djs incontournable de la cité Mancunienne, joue comme à son habitude, puis il met un disque qui semble littéralement surgir d’un autre monde, tel un ovni non-identifié, modifiant aussitôt le climat et l’espace: Farley Jack, Love can’t turn around. Un tremblement de terre appelé « acid-house » est alors prêt a ravager une jeunesse déjà littéralement démembré…

« Parfois, soulever l’aiguille d’un disque équivaut à foudroyer 500, 1000, 50000 personnes d’un seul coup. »

En trois semaines, le mot « acid-house » devint la nouvelle bannière sous laquelle toute la jeunesse du Nord anglais se regroupa. Le rare-groove et la soul étaient soudain devenus lents, vieux, poussiéreux. Un véritable raz de marée de vêtements larges et de T-shirts à sigles, marques d’un style naissant baptisé scally s’abattit sur Manchester. « Born in the North, Raised in the North, Die in the North » devint spontanément l’hymne d’une région toute entière. Des bobs étaient vissés sur toutes les têtes des lads, les plus allumés se trimballant des bananes en plastique gonflable qu’ils s’envoyaient pendant les soirées ou les matchs de Man United et City.
Bientôt la fièvre collective ne suffirait plus, il fallait que la musique soit rare. La rareté devenait le critère ultime et amenait avec elle une série de comportements nouveaux. Une véritable chasse à l’exclusif qui poussa les Djs à jouer des white labels, des disques anonymes. On raconta que le Djs londonien Count Suckle importa le principe des couvers-up, arrachant les macarons de ses disques et proposant des nouveautés sans que le public et les autres Djs puissent les identifier. Avec le culte des disques qu’on ne partage qu’entre affranchis, c’est toute la jeunesse Britannique qui s’envoie en l’air à l’écart des courants musicaux majoritaires.
L’ecstasy balaya tout sur son passage. Son arrivée dans le nord anglais fut fracassante, abattant toutes les barrières sociales, enrichissant la langue de Shakespeare de nouvelles variantes léthargique: « I’m cabbaged! » (Traduisez: « Chui défonçé! »)

Mais c’est précisément la fermeture obligatoire des clubs à 2h du matin qui rendit la nuit anglaise si mythique. Une alternative s’imposa naturellement, dans une clandestinité relative: les Warehouse party, soirées improvisées organisées avec un sens aigu du système D dans des entrepôts de la périphérie.

Le Sud de l’Angleterre ne fut pas touché de la même manière que le Nord par la vague « house ». Mais celle-ci trouva également en Londres un terreau fertile et s’y développa dans l’underground jusqu’à son explosion lors du premier Summer of Love de 1988. Les débarquements simultanés de la house et de l’ecstasy avaient modifié le système des warehouse pour donner naissance à une nouvelle forme de fête: les raves!

Geef het door, Hardcore gaat voor!

En l’espace d’un été, c’est tout le sound-system britannique qui se mit à vivre au rythme de l’acid-house. Des groupes comme les Happy-Mondays, Stone-Roses, The Charlatans incorporaient la culture et les rythmes house dans leurs compositions, la vague « Mad Chester » détruisit tout. En Belgique, on mixe de la new beat, la techno pop synthétique aux sonorités industrielles. En Allemagne, la Trance ravage les platines des Djs, en France la pénétration de la musique house auprès du public est plus progressive (et afin de palier à tout malentendu sur la qualité de la marchandise, on prend le temps de dégager des play-list les artistes new beat à l’esthétique glaçée, métronomique et à « connotation » extrême droitiste comme Front 242 ou Nitzer Ebb.) Mais forte d’une demande grossissant à vue d’œil autour de l’electro, la production mondiale était désormais largement disponible dans les bacs des disquaires parisiens.
C’est ici que la techno devint globale, et qu’il n’est plus simplement question de musique!

En 1991, la progression de la techno en Europe était irrésistible. La France s’apprêtait à vivre la fièvre des fêtes sauvages, la Belgique régnait en maître sur les productions raves, la Hollande vibrait au rythme du hardcore et la Suisse allait accueillir les grands-messes techno. Depuis Francfort et Berlin un vent d’euphorie se levait en Allemagne alors que le phénomène rave s’amplifiait en Angleterre. C’est un autre tournant de cette histoire. En France on entendait s’élever la rumeur d’un vent de nouveau venant d’Allemagne de l’est et de Francfort: la trance Allemande, une techno colorée, romantique et psychédélique! Le 9 novembre 1989 le mur de Berlin tomba, et la techno devint la bande son de l’Allemagne réunifiée.

Monarchy in the U.K!

A cette époque, la consommation d’ecstasy dans les clubs frôlait les 90%. La police vivait son nouveau cauchemar: les raves avaient tout simplement décentralisé le samedi soir. Le public ne déserta pas longtemps les centres-ville, effectuant des migrations massives vers les raves des campagnes, avant que les autorités s’inquiètent du danger. Deux cents policiers furent affectés par le gouvernement à une cellule spéciale, le Pay Party Unit, chargée de l’observation des raves anglaises.

L’Allemagne et l’Angleterre (malgré ses déconvenues) étaient les 2 pays techno leaders en Europe. Pourtant, ces deux mouvements avaient les même racines, le groupe Allemand « Kraftwerk ». La France, elle, bien que pouvant compter sur le soutient de Radio Nova, dont l’exigence culturelle reste hors normes, avait nettement moins d’arguments pour jouer un rôle majeur sur la scène techno mondiale, victime de ce mépris général qui décourageait chaque initiative.

Don’t make music for fun…

Là où la presse généraliste ne voyait qu’une énième mode anglaise appelé à disparaître une fois sa date de péremption expirée, toute une génération de Djs européens et américains s’est battue pour hisser « house » et « electro » au rang de Cultures. Après tout, qu’est-ce qui peut atteindre des types de 25 ans qui vivent de leur passion, dans ces conditions on s’accommode de tout, croisant le matin à la fermeture des clubs des gens qui partent subir une journée de plus dans des jobs qu’ils n’ont pas choisis, et dont pour la majorité ils n’ont rien à cirer!

20 juin 2008

Sweet & tender casual...My soul!


« La simple évocation de cette marque me remémore d’interminables rixes en territoire ennemi » (Phil-London)

Inconnus au bataillon…ou presque! Ils sont ceux qui, pour la première fois, accordent violence et culte de l’apparence vestimentaire dans l’expression la plus obsessionnelle du genre. Cours de rattrapage: flash-back dans la Perfide d’Albion au début des 80’s, les gradins des stades anglais, encore et toujours sous l’emprise des sacro-saints battles du dimanche, voient apparaître ce qui deviendra l’un des mouvements les plus incompris et controversés qui soit: obsédés par les sapes, fins «connoisseurs » des techniques de confection vestimentaire, du laboratoire de fabrication aux terraces, boulimiques de musique, d’aggro, de shopping, amoureux de leur firm, les « Clobbers » Britanniques célèbrent aujourd’hui 30 années de rixes et de culture casual! Immersion…

« Une rumeur faisait état d’un gigantesque Adidas Center dans Paris, soldant quantité de modèles absolument introuvables à Liverpool. Le lendemain matin, les jeunes scouses avaient tout dévalisé, le magasin avait lui du fermer ses portes » Paul Hooton -SSC-

A l’heure où les librairies en ligne regorgent d’ouvrages consacrés aux différents mouvements de subcultures apparût depuis les psychés sixties, on peut largement s’interroger sur le sens donné au mouvement Casual par les nombreux « observateurs » du monde footballistique! Rien de surprenant jusqu’ici à ce qu’un mouvement d’origine adolescente et ouvrière soit considéré comme vide de sens pour qui n‘en partage pas la définition. Pourtant les choses tendent à changer. Auteurs des brillants « Casuals » et « Congratulations », Phil Tornton (ex MIB) et Dan Rivers (ex Aberdeen Soccer Casuals) ont décidés, en enfonçant la porte de leur éditeur, d’apporter un peu de lumière à ce qui est en passe de devenir le plus important phénomène underground de tous les temps...

Car un nombre croissant de voix s’élève aujourd’hui pour souligner que l’envergure prise par le mouvement ne peut rester ignorée plus longtemps, dans un pays où chaque région constate jour après jour l’impact prise par le phénomène sur les moeurs vestimentaires et musicales de la jeunesse anglaise.

Pour Stuart Cosgrove, producteur de télé et fan dévoué du Chelsea FC, les Casuals restent la perle cachée des subcultures issues du way of life britannique: « Haïs sans que personne n’ait cherché à les connaître; les fans de football rangés ressentent leur violence, les sociologues ne voient rien de pertinent à étudier chez eux, les marques de vêtements qu’ils adulent se passeraient volontiers de la publicité indirecte qui leur ait faite. » Contrairement aux punks ou aux skinheads, l’essence de la culture Casual ne repose sur aucune théorie ni idéologie, les esprits académiques ne voient rien à aimer ou à dénoncer chez eux! Paolo Hewitt, ancien journaliste au NME, biographe du groupe Oasis et auteur de « The Fashion of Football», vide son sac: «Je suis malade de constater qu’il est encore impossible de trouver le moindre paragraphe faisant référence aux Clobbers dans les livres de mode anglaise. Le paradoxe autour des Casuals?? Bien que représentant l’un des plus vastes mouvement underground ayant jamais existé, le phénomène reste largement inexploré par les médias du fait de sa genèse dans les gradins des stades de football, le plus souvent associé au hooliganisme dans la plus simple expression du terme, tout ceci étant beaucoup moins porteur qu’écrire au sujet des étoiles montantes des universités d’art du pays! »

« Les gens ne savent pas qui sont, et que font réellement les Casuals. Mais ils savent qu’ils sont nés sur les bords de la Mersey! » Paolo Hewitt

Le mouvement prend racine à la fin des années 70’s, quand les déplacements internationaux du Liverpool FC, alors au sommet de son épopée européenne, étaient accompagnés de véritables raz de marées de fans envahissant les plus grandes villes du continent, Paris, Rome, Madrid…[Bruxelles], régalant à des wagons de lads la liberté d'organiser des ateliers shopping d'un genre nouveau et au goût certain, dans des centres commerciaux regorgeant de marques introuvables en angleterre! Les grandes marques de sport & leisurewear européennes déchaînent subitement l’enthousiasme de la jeunesse du Merseyside, revenant de ses déplacements les bras plus chargés au retour qu’à l’allée! Une nouvelle « youth culture » est née…

Rapidement, les travées d’Anfield se transforment en meeting vestimentaire rassemblant des centaines de prolétaires blancs arborant les pièces de sportswear soigneusement rapportés de leurs «excursions» étrangères. D’abord intrigués, puis fascinés, les milliers de fans visiteurs de passage à Anfield Road s’emparent spontanément du phénomène, le propageant à une vitesse fulgurante aux 4 coins du Royaume-Uni!

A l’instar de chaque mouvement né avant ou depuis lors, c’est dans le choix d’une culture vestimentaire précise que la scène Casual sors lentement de son berceau. « Jamais aucun magasine de fashion ne leur a accordé une page » se rappel Peter Hooton, ancien manager du groupe The Farm. « J’avais soumis au début des années 80’s une pièce intéressante au magasine The Face à propos des Casuals, mais ils ont aussitôt rejeté l’article arguant qu’il n’y avait rien d’intéressant à cela. Principalement un problème d’attitude, beaucoup trop d‘arrogance... Comme si des jeunes arpentant massivement les gradins des stades de football n’avaient pas le droit d‘organiser leur vie dans la quête du look ultime!»

Avec l’arrivée des vestes en tweed, tennis distinguées et pulls en cashmere empruntés à la mode des terrains de cricket, le style casual emboîte le pas aux changements de saisons, et le moindre déplacement de Coupe d’Europe devient synonyme de course effrénée à travers les rayons des boutiques branchées.

«Le conservatisme, terreau fertile de rébellion »

Sur les cendres du conservatisme ambiant, les Casuals anglais formentent une nouvelle révolution vestimentaire, aujourd’hui exporté et « dupliquée » (tant bien que mal) aux 4 coins du vieux-continent. « L’angleterre a une longue, riche et importante histoire de mode, étroitement liée à son passé textile », explique Christopher Bailey, le directeur artistique de Burberry. « Elle est aussi très profondément rattachée à une combinaison assez rare de traditions et de valeurs conservatrices qui incitent le développement permanents de subcultures, contestant le système des classes sociales. Enfin, ce pays a une véritable tradition dans la musique, l’art et le design vestimentaire. Lorsque tous ces univers se confrontent, il se produit de véritables clash qui donnent jour à des mouvements nouveaux et foncièrement différents . » C’était notamment le cas des Mods, mouvement de néo-dandy apparu à la fin des années 60, incarnant le véritable esprit du Swinging London. Opposés aux « Trads » (Traditionalists) et aux « Teds » (Teddy-Boys), ils privilégient tout ce qui vient d’Europe, au détriment des produits anglais décrétés sans style. Leur succèderont les Casuals, derniers nés parmi les obsédés du chiffon, dont le mouvement tire son inspiration bien plus de l’univers narcotique des « northern town » du Royaume-Uni, que du glam et du marketing policé de la capitale...

« Les vêtements que vous portez, c’est le premier message que vous envoyez. » G. Yurkievitch

Contrairement à une idée encore largement répandu dans l’hexagone, les Casuals ne sont pas tous adeptes de la violence totale, le mobile « number one » reste et restera une adoration sans limites du football, des vêtements et de la musique. Le choix d’un appareil vestimentaire discret et soigné, lui, n’est pas né d’un quelconque souci d’invisibilité à l‘égard des spotters. Bien au contraire, c‘est en cherchant à devenir invisibles que les Casuals donnèrent naissance à un mouvement massif et transparent. Ils cherchent, au contraire, à épater leur semblables et à impressionner les firmes adverses, en dénichant sans cesse de nouvelles pièces, sans limites d’investigations, leur permettant de conserver une longueur d’avance, protégeant quasi-religieusement des regards indiscrets la provenance de leur dernière trouvaille! Exit donc les fakes, et autres uniformes « Burberry-Stone Island », totalement hors-sujet!

« Tenue de Soirée et Post-Punk exigés! »

Rose Marie Bravo, directrice commerciale de Burberry UK, déplore dans une interview datée de 2006, que « l’adoption généralisée de sa marque par les « chavs » (prolétaires blancs) du Royaume-Uni, n’est probablement pas étrangère aux mauvaises performances de l’enseigne sur le marché anglais »…Mais bien que dénonçant par voie de presse le tord pouvant être causé à leur image, les managers « victimes » de l’addiction dévorante suscité par leurs labels, surfent discrètement sur un juteux marché de millions de pounds…à grands coups de marketing vestimentaire et de reconfiguration des sports shop du Royaume-Uni! En 2005, Stone Island créait la sensation en invitant plusieurs firmes anglaises, parmi lesquelles la Plymouth Football Intelligence, à venir visiter bureaux, show-rooms et laboratoires de la célèbre marque Italienne.

A peine suffisant…la boulimie qui aimante les Clobbers de sa majesté aux grandes marques de sport wear européennes emmènera Puma, Adidas, Fila ou Tacchini à s’engouffrer sur la brèche du « back in the 80’s » en (ré)actualisant quantités de stuffs à l’origine d’un contagieux revival, par l’intermédiaire de pièces historiques comme les Adidas Stan Smiths, Puma G Vilas, Fila Bjorn Borg ou autres Diadora Elite Re-Issues…

La question reste aujourd’hui entière à propos des labels sélectionnés par les Casuals. Certains observateurs ont essayés d’interpréter l’adoption quasi systématique de marques «upper-class » telles burberry, Pringle, Aquascutum, comme un reflex d’inspiration sociale. Une théorie largement réfuté par Phil Thornton (Casuals), considérant que « la plupart des Casuals sont insensibles aux notions de hiérarchies de classes. Préférant expliquer le phénomène, par le simple feeling que va provoquer la vision d’une pièce belle de part sa qualité textile et son message visuel. « Les jeunes Clobbers s’habillent de manière à se sentir un peu spéciaux aux yeux des autres fans, normal! » C’est justement ici, que la culture Casual devint globale! Le grand débarquement s’effectue tout d’abord en Belgique à l’aube des 90’s, repris dans la foulée par les autres nations d‘Europe du Nord, Allemagne, Hollande, Suisse, Danemark. Chacune déclinant l’esprit du mouvement autour de ses propres visions…Il n’est d’ailleurs pas improbable de souligner que la diffusion internationale de quelques projets cinématographiques marchant avec plus ou moins d’habilité sur les traces du mouvement Anglo-Saxon, n’ait pas joué un rôle déterminant dans la contamination de localités jusque là restés aveugles au phénomène.

West-Ham Inter-City Firm, Liverpool Soccer Scouses, Aberdeen Soccer Casuals, Manchester Red Army…toutes les firms à l’origine de la propagation de la culture Casual ont su mettre à profit les déplacements européens de leurs clubs respectifs pour organiser, au début des 80’s, de véritables « shopping excursions », leur permettant de liquider des portes monnaie remplis de la récompense du travail au noir, à la poursuite de vêtements de rêves... En toute logique, les marques canalisant les attentions de cette époque étaient internationales. Mais si aujourd’hui certains gradins, comme ceux d’Ecosse et du Nord d‘Angleterre, semblent tout particulièrement ressembler à de véritables meetings du « revival 80’s », les lads du royaume s’adonnent à brocanter au fil des saisons dans les rayons de marques beaucoup moins visibles, moins diffusées, moins accessibles, replaçant au cœur des esprits l‘essence individuelle, unique, quasi-élitiste, d’une culture déjà trentenaire! ..

19 juin 2008

The Football Making Machine


On brade notre futur.
Ceux qui gouvernent notre sport peuvent encore s’en foutre,
Ils seront mort avant.
D’une mort lente et naturelle:
Ils auront le foi inondé par du champagne mal fermenté
et digéré du caviar pollué.
Pendant toutes les années de leurs existences schizophrènes de technocrates,
ils auront dévasté, démembré, pillé, planant en l’air… comme de vieilles charognes
guettant leur cible. Ils auront commercialisé les virages, mais combien de commerciaux vont dans les virages?
Parait t’il qu’ils n’hésitent pas à dire dans leurs open-spaces qu’ils auront notre tête, mais quand on vit sans burnes mieux vaut fermer sa grande gamelle!
L’industrie tisse sa toile.
Le problème du football business est déjà périmé, c’est de lutte indépendante dont il s’agit, et de la notre.
La tache est surhumaine mais on a pas le choix.
Il y’a 12 bactéries par centimètre cube d’air dans une couveuse, 88 000 sur les Champs-Elysées, plus de 4 millions dans un stade de football.
Mais comment font t’ils pour ingurgiter tout ça sans le régurgiter, ces porcs…(?)
Ils l‘ont dit les gars de la manif: Les supporters, dans dix ans, seront bien dans leur peau, ou n’auront plus de peau du tout.
Promis, pour la conscience, on reviendra du carré "LyonPeople" des bris de glace plein les mains ainsi qu'avec leurs têtes, sinon on perdra la notre.

Underground "Connoisseur"



« En démocratie, le maître ne dit pas: Vous penserez comme moi ou vous mourrez. Il dit: vous êtes libres de ne pas penser comme moi; votre vie, vos biens et tout le reste vous appartient. Mais de ce jour vous êtes un étranger parmi nous. » Tocqueville.

L’underground, cette bonne vieille chose, vient d’avoir 100 ans. Avec l’arrivée du XXe siècle coïncide l’arrivée des rébellions, nées d’une logique culturelle, politique, économique, ou tout cela à la fois… Mais la logique est un tue l’amour…Car si on contemple ne serait ce que la passion mariant les fans à leur club, c’est bien d’amour dont il est avant tout question! Ne vous étonnez donc pas s’il manque ici quelques paragraphes acceptant la soit disante marginalité des hommes révoltés, ces quelques paragraphes ont du passer à la trappe à la suite d’une manipulation houleuse. La beauté de l’underground est dans la rue! Et contrairement aux objets d’art, il n’existe aucune spéculation possible!

A propos d’underground, le groupe anglais Massive Attack disait que chez certains individus, il a tout simplement suffit de tomber par hasard sur un album de rock pour que des vies entières bascules du coté obscur! Là où, depuis les années 60’s (des Freaks aux Mods, des Skinheads aux Beatniks, des Clobbers aux avants gardistes DIY, des Punks aux Casuals…), on se partage la couette en toute hérésie, à grands coups de perfusions musicales, vestimentaires, et d’oppositions idéologiques…balayant soigneusement le sentiment mielleux et parfaitement inutile que « Demain nous appartient! »

Alors tenter d’étouffer une foule sous l’emprise de la révolte et de la colère revient à être aussi efficace que manger un bol de soupe à l’aide d’un couteau! Depuis plus d’un siècle, l’entrée du peuple en politique à bouleversé les données du problème, donnant suite à une multitudes de révoltes nées d’un même refus: celui d’un ordre établi!

Traditionnellement, [au sujet des rébellions] le fantasme intellectuel acclame ceux qui ont cherchés par tous les moyens à changer le monde et rendre l’homme à son humanité perdue…Mais d’autres ont tout simplement choisis d’esquiver, ne serait-ce que temporairement, la logique des rapports de l’individu à la société, se contrefoutant bien d’en apprécier le bien-fondé. Partant simplement du principe qu’une forte dose de rejet et de chaos est nécessaire pour arracher sa propre existence au simple fait du hasard!

« Tout ce qu’on regarde est faux », écrit Tristan Tzara en 1918. Et Oscalde Andrade, au Brésil en 1929, dresse le même constat: « La fausse culture, la fausse morale, la fausse pensée politique ou religieuse, tout ce qui est mensonge et conformité disparaîtra mangé par nous. »

Et qu ‘en est t’il alors du « Faux Football », celui que les supporters qualifient ironiquement de « moderne », où investisseurs et spéculateurs font main basse sur la poule aux œufs d’or, célébrant la marchandisation des clubs dans l’ignorance totale d‘une histoire populaire?!… Quand il ne s ‘agit pas de maquiller en bon et due forme la destruction d’un sport tout entier, derrière le refrain accusant fans et ultras de tous bords d'alimenter les maux de tête d’un juteux marché de 15 milliards!

Ce sentiment de vivre dans un système « prêt à porter » est l’une des nombreuses traces (mais il en existe bien d’autres) reliant les survoltés désireux d‘en découdre avec les codes établis: des Dadaïstes aux Teddy Boys, d'un citoyen ordinaire aux citoyens Ultras, du « No Future » des années 70’s aux « Indépendants» des années 2000’s...

Mais nier le monde dans lequel on vit n’épuise pas tout le sujet. Une subculture passe t’elle toujours, au XXIe siècle, par l’idée de rupture? Ou ne repose t’elle pas davantage sur un socle cousu de Traditions? Comment rendre acceptable l’idée que le futur d’un mouvement sub-culturel dépendra de sa capacité à devenir collectif, sans se perdre?

Conscients que 10000 sites internet ne suffiront à parcourir tout le sujet, notre histoire Lyonnaise retiendra que de l’aube des années 80’s jusqu’au milieu des années 90’s, très peu d’éléments ont exprimés une passion sincère et fidèle à l’Olympique Lyonnais, ainsi qu’à « son » underground… Mais qu’un nombre immense parmi eux ont su transformer les alentours du Stade Gerland en véritable chaos pour qui ne partageait pas cette proposition d’existence. Donnant ensuite naissance à d’autres multitudes de gones flairant trop l’adrénaline en barre pour ne pas, à leur tour, réclamer leur dose d‘aggro! Et que cette histoire Lyonnaise continue…


Le Supporter Chimique (Part 1)



L’affaire commence à Prague, en 1955, à l’institut psychiatrique que dirige Stanislas Grof, le « Herr Doktor » des psychiatres Tchèques. La Tchécoslovaquie est alors depuis 9 ans sous perfusion de la botte Russe. Diagnostique: hautes doses de KGB, over-dose de Kremlin, 100% fauchés! Les Soviétiques s’appliquent consciencieusement à démolir le peu d’intelligence locale manifestement oubliée par le buldozer nazie.

Donc reprenons. A Prague en 1955, il n’y a pas encore de célèbres FKK, mais de jeunes psychiatres modernistes indépendants se réclamant du courant Freudien. En douce. Car c’est interdit. Pour la peine, ils risquent un billet « sans retour » pour une excursion du 3ème type en Sibérie. Offert par la maison. Car les Soviétiques détestent Freud, penseur « sexuel » de confession juive, on plaisante pas avec le CV à cette époque.

Du coup l’hôpital se rebelle, et les jeunes laborantins s’accrochent comme des feuilles mortes aux idées viennoises. Comme si les décombres de l’ancien régime devaient leur servir de catacombes de luxe. Parmi les centaines de produits inconnus que les psychiatres Tchèques doivent tester sur leurs patients, il y’a une petite famille qui les fascine comme des enfants devant un dessin-animé: le LSD 25!

Les choses commencent très classiquement: on donna d’abord du LSD à des cobayes humains et le jury pris des notes. Deux cents microgrammes et hop! Huit heures de paranoïa démentielle. Ou de déchaînement bestial. Ou d’extase mystique euphorique. Bref, toutes les maladies élégantes, mais expédiées avec une ampleur!! De mémoire de psychiatre, on avait jamais assisté à des explosions de caractères aussi poivrées!
Parfois, les malades s’identifient soudain à Hitler, Staline ou au Christ - Et essaie de te démerder avec ça!

Grof commence à peine à travailler qu’éclate le Printemps de Prague, vite balayé par le savoir-faire de l’armée russe. Mais Stanislas Grof ne reste pas chez lui, il va devenir yankee. Son cartable chargé du fruit de plusieurs années d’études, le travail du LSD va pouvoir se poursuivre à Baltimore, dans l’une des dernières poches d’expérimentations psychédéliques américaine. La vague psyché qui ravage alors les Etats-Unis est tout simplement hallucinante.