01 novembre 2008

Gabriele Sandri & Ultras Lazio: "La révolution commence dans les gradins"...


La Repubblica-Rassegna Stampa Italiana (Presse Notif)

Dans la nuit d'un derby qui, au nom de Gabriele Sandri, s'annonce comme celui de la "réconciliation publique entre 2 camps", au moins entre virages, c' est une découverte dont il s'agit. De cette haine qui couvait dans les travées du stade Olympique, quel qu'en soit le signe idéologique et l'adversité possible, laquelle puisse être le débouché de la colère, dans et hors du stade. Mais pas cette nuit. Pas demain. Plutôt dans un avenir pas trop lointain.

C'est un roman de vingt-neuf pages au titre ironique - "Ultras: au-delà du temps. Histoires de barricades et lacrymogènes" - qui, à l' aube du 23 février dernier, est trouvée dans un appartement de Ponte Lungo, quartier Tuscolano. L' homme qui est en sa possession, ce n'est pas exactement un gamin. Il s'appelle Roberto Sabuzi. Il a 41 ans et un travail. Il se fait appeler "Le capitaine". Ils lui mettent les menottes sur ordre du ministère public. Parce qu'il a participé aux faits du 11 novembre 2007, le dimanche de la vengeance, de la prise d'assaut aux casernes. La nuit dans laquelle le sang de "Gabbo" (jeune supporter laziale défunt des suites d'une bavure policière) appel à faire couler un autre sang.

Les enquêteurs, qui se passent entre les mains le feuillet, se frottent les yeux. Pas vraiment pour féliciter ce délirant squelette idéologique qu'il soutient. Mais par conséquent ce document, pour la première fois, suggère et théorise : une embrassade entre une forme de fascisme primordial, celui des origines, et les idées de la rébellion anarchique. L' urgence d'une nouvelle forme de "clandestinité" dans les virages, récupérant les origines de la "pensée ultras" en rendant invisible les nouveaux symboles dont cette pensée s'inspire ; la nécessité de rompre le "ghetto" du stade pour exporter dans les places "la révolte". Enfin, une nouvelle "adversité de la rébellion violente", comme décrit au début du document : "Nous dédions cet écrit à tous les patriotes, révolutionnaires et rebelles Italiens. En particulier : à Garibaldi, aux équipes d'action ; aux Arditi de la première guerre mondiale ; à Benito Mussolini ; (...) aux héros de Bir El-Gobi et El-Alamein ; à Carlo Giuliani, pour ne pas oublier ; à Edo, Sole et Baleno, comme à tous les anarchistes disparus dans les prisons d'état dont on n'a pas de nouvelles depuis des années, avec immense respect pour eux".

Le roman fait de brèves annotations. De Sabuzi, les enquêteurs sont convaincus de l'implication. Il en est vraisemblablement aussi un des rédacteurs. Sûrement, le roman a circulé et circule dans les virages.

"Nous tenons à préciser - on lit - que ce polycopié n'a absolument pas de but lucratif. Les petites offrandes serviront à soutenir les dépenses judiciaires des familles de nos amis (...) Tous les combats auquel nous avons participé ne peuvent êtres décrits. Quelques-uns de nous devraient commencer par raconter la fin des années 70 (...) " Aucune reddition à l'assaut du temps, par charité. De nouvelles envies de rébellion s'ouvrent à qui sait trouver la rue. Vous ne trouverez pas de noms, noms de famille, codes d'identification. Celui qui doit comprendre, comprendra.

Le groupe se présente ainsi: "Nous sommes ultras romains et nous voulons manifester notre privation, parfois dégoût, vis-à-vis d'un milieu qui ne nous appartient plus (...) Dans l'inexorabilité et dans la dureté d'une répression invoquée par les "trafiquants de l'opium du peuple" (le calcio), les ensemencés d'incultures sociales, de la mesquinerie des pseudo-ultras, devant le Dieu argent, liens jusqu'à hier indissolubles se dissolvant en provoquant des fractures incurables". La rue est un retour donc à la "pureté", sous le parapluie d'un nouveau sigle "Ultras Lazio".

"Ultras Lazio - on lit - est la rencontre d'anciens militants du virage Nord avec les jeunes ultras qui veulent effectivement expérimenter l'impulsion de la mentalité ultras au lieu de n'importe quel autre expérience existentielle, qui est considérée par ces jeunes, avec mépris, comme "bourgeoise".

Prend ainsi corps l'idée d'un mouvement anti-politique rebelle et irrégulier, le même qui a marqué l'histoire du "premier fascisme", celui que les historiens appelent "fascisme révolutionnaire". Pour quoi faire? "Le noyau le plus conscient des Ultras Lazio - continue le document - a une arrière-pensée théorique revendiquant la violence des ultras comme une réponse à la stérilité des politiques ainsi qu'aux mensonges du capitalisme.

Dans le délire de l'équipe fasciste, le roman indique la recherche d'union avec chaque forme de radicalisme - "nous réservons estime, sans aucun doute, à ces "camarades" dont nous partageons la mentalité radicale, barricadés, mis sur le banc de touche dans leur lutte des opprimés et des marginaux". "Pour les jeunes des équipes fascistes de 1919 et de 1920, le mouvement devient une rébellion aux coutumes, à la morale, aux hypocrisies et aux faiblesses de la bourgeoisie. Résonne le cri de bataille des jeunes comme un défi entier contre la soçiété, et reste le classique "Duce, Duce".

Dans la fiche dans lequel Sabuzi gardait le polycopié du "nouvel ultras", un second document de 23 pages, en langue anglaise, intitulé Bodyhammer : tactique et autodéfense pour protestataire moderne - traduit la théorie en pratique de la violence. Ça va de l'histoire des centurions romains et de la formation de la tortue, aux bagarres de Naples (17 mars 2001) entre No-Global et police. De cette expérience est conseillé de rappeler "l'utilité des grands boucliers de plexiglas". "Légers, faciles à produire, psychologiquement désarmants pour la police, qui ne pourra pas voir la première ligne de contact, en perdant ainsi le sens de l'adrénaline vis-à-vis de simples charges lancées".